Bruxelles accuse X d'induire en erreur ses utilisateurs avec ses comptes "certifiés"
Bruxelles juge aussi que la firme d'Elon Musk enfreint ses obligations de transparence concernant les publicités diffusées et l'accès aux données de la plateforme pour les chercheurs.
"X a maintenant le droit de se défendre, mais si notre point de vue est confirmé, nous imposerons des amendes et exigerons des changements significatifs", a averti le commissaire au Numérique Thierry Breton.
Cette mise en cause constitue une première dans le cadre du nouveau règlement sur les services numériques (DSA) entré en vigueur l'an dernier pour protéger les internautes contre les contenus jugés dangereux. Elle pourrait conduire dans les prochains mois à une décision définitive de non-conformité si le groupe ne corrige pas les déficiences constatées, puis à des sanctions financières pouvant atteindre 6% du chiffre d'affaires annuel mondial de X (anciennement Twitter).
Aucune date limite n'est fixée pour clore ces procédures.
"X conçoit et exploite son interface pour les 'comptes vérifiés' avec la 'coche bleue' (check mark en anglais) d'une manière qui ne correspond pas aux pratiques de l'industrie et trompe les utilisateurs", a détaillé la Commission. Elle souligne que "n'importe qui peut s'abonner pour obtenir un tel statut 'vérifié', ce qui nuit à la capacité des utilisateurs à prendre des décisions libres et éclairées sur l'authenticité des comptes avec lesquels ils interagissent. Il existe des preuves que des acteurs malveillants abusent" de ce dispositif.
La Commission européenne, gendarme du numérique dans l'UE, poursuit par ailleurs des investigations qui peuvent mener à deux accusations supplémentaires: diffusion de contenus illégaux et efforts insuffisants contre la manipulation d'informations.
Nombreuses fausses informations
Bruxelles s'était inquiétée en septembre de la quantité particulièrement élevée de fausses informations publiées sur X, après des tests effectués sur plusieurs réseaux sociaux. Une procédure préliminaire avait été ouverte le 12 octobre, cinq jours après les attaques du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël. Puis une enquête formelle avait été déclenchée en décembre.
La liste des griefs était particulièrement longue: faible nombre de modérateurs, système de signalement des contenus illicites peu efficace, messages d'avertissement insuffisants contre les images violentes...
Equipes de modération décimées
Après avoir racheté Twitter en 2022, Elon Musk a procédé à une vague massive de licenciements qui a décimé les équipes de modération. Il défend une vision radicale de la liberté d'expression, rejetant toute forme de censure, même s'il assure vouloir respecter les lois de chaque pays.
Le DSA oblige toutes les plateformes en ligne à mettre en place un système de signalement de contenus problématiques et d'agir "promptement" pour retirer tout contenu illicite ou d'en rendre l'accès impossible dès qu'elles en ont connaissance.
En matière de publicité, les plateformes doivent permettre à chaque utilisateur de connaître les paramètres utilisés pour le cibler ainsi que les financeurs des annonces.
Un groupe de 25 acteurs du numérique particulièrement influents, dont X fait partie, doit par ailleurs offrir à des chercheurs agréés un accès aux données qui nourrissent leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé.
jfe avec les agences
D'autres entreprises dans le viseur de la Commission européenne
Outre le réseau social d'Elon Musk, trois autres grandes plateformes - TikTok, AliExpress et Meta - font l'objet de procédures formelles de la Commission européenne, sans avoir encore atteint le niveau de mise en cause annoncé vendredi pour X.
Après l'ouverture d'une enquête en avril, TikTok a été contraint de suspendre une fonction qui récompensait les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans et était accusée de susciter l'addiction.
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Le réseau social, dont la maison mère est chinoise, est par ailleurs visé par une autre enquête ouverte en février pour protection insuffisante des mineurs.
Le site de commerce en ligne AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba, est lui ciblé depuis mars pour la vente de produits dangereux, comme des faux médicaments.
Enfin, en avril et mai, l'UE a ouvert des procédures contre les réseaux sociaux Facebook et Instagram du groupe Meta. Ils sont accusés d'efforts insuffisants contre la désinformation, mais aussi de susciter des addictions chez les enfants et de ne pas suffisamment les protéger contre les "contenus inappropriés".