"Ce qui est déterminant pour les gens, ce n'est pas de savoir s'il y a un bureau de poste"
La décision du géant jaune de fermer de nouveaux offices postaux a suscité de nombreuses réactions négatives. Dans une prise de position, le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) a expliqué que le "réseau était déjà trop réduit" et que les filiales exploitées "par des partenaires" ou encore le service à domicile n'offraient pas "la même gamme de prestations."
A Berne, c'est le Parti socialiste qui a vu rouge. D'après lui, les bénéfices réalisés par La Poste ne devraient pas entraîner une réduction de sa présence dans les régions. Le PS a donc demandé instamment au chef du Département fédéral des télécoms, Albert Rösti, de renoncer à ce plan et de garantir le service postal universel.
>> Relire à ce propos : La Poste va fermer 170 filiales en Suisse
"A peu près 5000 points de contact"
Pour Christian Levrat, le service universel de La Poste n'est pourtant pas du tout menacé. D'après lui, le but et le mot d'ordre du groupe sont toujours d'avoir une prestation qui permette à tout le monde d'avoir accès au réseau postal.
Avec ces 5000 points de contact dans des formes variées, nous répondons aux nouveaux besoins de la clientèle.
"On a décidé d'investir 100 millions dans le réseau, une première depuis des années, afin de le moderniser, de le rendre plus accueillant et de permettre aussi d'accueillir d'autres prestataires dans nos offices de poste (...) nous avons ensuite décidé de miser sur la proximité. On a à peu près 5000 points de contact. Ce qui est déterminant pour les gens, ce n'est pas de savoir s'il y a un bureau de poste ou non", analyse-t-il dans Forum.
Questionné pour savoir si La Poste ne déléguait pas ce qui devrait être la mission du service public, Christian Levrat réfute: "C'est la recherche d'une combinaison optimale. D'un côté, on a nos propres filiales, un peu plus de 600, ce qui en fait toujours un des réseaux les plus denses d'Europe. De l'autre, on a 1200 entreprises qui sont ouvertes plus largement que nos filiales et dans lesquelles on peut déposer ses colis et aller chercher des recommandés".
Le problème de La Poste, ça va être de remplacer le personnel qui part en retraite. Il n'y aura donc pas de licenciement en lien avec cette réforme
Et d'ajouter: "Vous avez ensuite des guichets dédiés aux PME, des automates My Post 24, qui sont plébiscités par la clientèle et où vous pouvez aller chercher vos colis et les déposer, et enfin, là où on n'a pas d'autre solution, la possibilité de faire vos prestations postales sur le pas-de-porte, avec les facteurs", argumente-t-il.
Les besoins de la population "pris en compte"
Ancien syndicaliste mais surtout ex-président du Parti socialiste, Christian Levrat n'estime donc pas avoir pas trahi ses valeurs. "Cela fait 20 ans que je m'engage pour un service public fort et que je me bats pour que La Poste soit présente dans l'ensemble du territoire, avec des prestations pour toutes les entreprises et toute la population. Je ne vais pas aujourd'hui changer ce discours", explique-t-il.
Pour le président du Conseil d'administration, cette réforme, qu'il dit avoir accompagnée de manière étroite, prend en compte les attentes de la population. "Avec ces 5000 points de contact dans des formes variées, nous répondons aux nouveaux besoins de la clientèle. Nous allons aussi prendre en compte particulièrement la question des personnes âgées des régions périphériques", annonce-t-il.
Pas de licenciement
Interrogé enfin sur les éventuels licenciements qui pouvaient être craints à l'annonce de cette réforme, Christian Levrat confirme que ce ne sera pas le cas.
"L'équation est assez simple. Sur l'ensemble de la réforme, il est prévu que 650 emplois disparaissent. Or on recherche ou on va rechercher dans la même période 1300 personnes supplémentaires uniquement dans le réseau postal. Donc le problème de La Poste, ça va être de remplacer le personnel qui part en retraite. Il n'y aura donc pas de licenciement en lien avec cette réforme", conclut-il.
Propos recueillis par Coraline Pauchard
Adaptation web: Tristan Hertig