De nombreuses entreprises suisses continuent à vendre leurs produits en Russie
Alors que la guerre entre la Russie et l'Ukraine se poursuit, l'industrie suisse continue d'exporter des marchandises vers la Russie. Pour les multinationales helvétiques, les revenus sont presque aussi élevés qu'avant le conflit. Ethiquement discutables, leurs activités en Russie sont toutefois légales.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en février 2022, les marques suisses actives en Russie ont dû se positionner. Si certaines entreprises, comme le chocolatier Lindt et Sprüngli ou le cimentier Holcim, ont choisi de quitter la Russie pour des raisons éthiques, la majorité d'entre elles ont conservé une présence importante sur place, malgré le risque de financer l'Etat russe en y payant des impôts.
Selon des données provisoires, la Suisse a exporté en 2023 pour plus de 2,6 milliards de francs en Russie, principalement des produits de l'industrie pharmaceutique (2,1 milliards de francs), car les médicaments et les produits pharmaceutiques sont exclus des sanctions pour raisons humanitaires.
Ce business avec la Russie implique donc des taxes payées à l'Etat russe, un soutien financier indirect aux actions de ce dernier.
Des biens produits sur place
Ce chiffre de 2,6 milliards de francs ne comprend toutefois pas la production des entreprises suisses sur place. Cela signifie par exemple que les biens fabriqués par Nestlé dans ses six usines russes ne sont pas comptabilisés. Ainsi, la multinationale veveysanne, qui emploierait encore aujourd'hui 6000 personnes en Russie, produit sur place du chocolat sous la marque Rossiya, des céréales pour le petit-déjeuner, du café soluble, de la glace ou des aliments pour animaux, alors qu'elle indique dans sa dernière prise de position avoir "recentré ses activités sur la fourniture d'aliments essentiels et de base à la population locale".
Autre exemple de la présence suisse sur place: Lacoste, qui appartient au groupe genevois Maus Frères, également à la tête de Manor. Vêtements ou baskets griffés du célèbre crocodile se trouvent ainsi facilement à Moscou comme ailleurs en Russie. Plusieurs boutiques dédiées existent toujours dans la capitale russe. L'entreprise n'a pas souhaité répondre aux sollicitations de l'émission Basik à ce sujet.
De juteuses rentrées financières pour Moscou
Mais la marque suisse la plus profitable pour le Kremlin est une autre multinationale: Japan Tobacco International. Le cigarettier qui produit entre autres les paquets de Camel ou Winston est domicilié à Genève. Selon l'agence russe Interfax, son chiffre d'affaires réalisé en Russie en 2023 est de 4,7 milliards de francs. Ce qui représente de juteuses entrées financières pour Moscou, les cigarettes étant comme partout ailleurs un bien très largement taxé.
Contacté par la RTS, le cigarettier n'a pas souhaité s'étendre sur ses activités en Russie et préféré mettre en avant l'engagement de sa fondation auprès du peuple ukrainien.
Quoique éthiquement discutables, les activités en Russie de Nestlé, JTI, Lacoste ou d'autres sont légales. Pour l'heure, comme le rappelle le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), seuls les biens militaires, à double usage, ou de luxe (dont le prix d'achat est supérieur à 300 francs) sont sous sanctions et donc interdits d'exportation vers la Russie.
Gabriel Tejedor
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