Des actionnaires ont fait part de leur mécontentement lors de l'assemblée générale de Nestlé
Lors de l'assemblée à Ecublens (VD), une certaine tension régnait, mais tout s'est déroulé dans le calme. Cette assemblée était très scrutée, car une série d'affaires ont entaché la réputation de l'entreprise basée à Vevey et suscité le mécontentement d'une partie des actionnaires.
Petit rappel des faits. D'abord, il y a eu le scandale Buitoni, qui éclatait il y a deux ans. Des pizzas, fabriquées dans une des usines françaises du groupe, avaient provoqué des intoxications graves et même la mort de deux enfants.
Ensuite, au début de cette année, a éclaté l'affaire des eaux minérales, en France et en Suisse: elles étaient filtrées, alors que la pratique est interdite.
Dernière tache sur l'image de Nestlé: l'organisation Public Eye l'a accusée cette semaine de vendre dans des pays pauvres des aliments pour bébés avec du sucre ajouté, ce qu'elle ne fait pas en Europe.
>> Lire à ce propos : Nestlé glisse du sucre dans de la nourriture pour bébés dans des pays à faibles revenus
Actionnaires mécontents
Des actionnaires ont exprimé jeudi leur grogne, en montant à la tribune. A l'image de l'association Actionnariat pour une économie plus responsable (Actares). Selon elle, la cause de ces scandales récurrents est à chercher dans des contrôles souvent défaillants. Actares a donc demandé un meilleur suivi des produits.
Certains investisseurs ont aussi critiqué le rapport de durabilité. Beaucoup reconnaissent que la multinationale fait des efforts pour l'environnement, mais pas suffisamment. La fondation Ethos, qui s'engage pour des investissements socialement responsables, a aussi fustigé le manque de transparence de ce rapport et son caractère incomplet.
Une autre coalition d'actionnaires, appuyée par le groupe de pression ShareAction, a pour sa part proposé une modification des statuts pour que Nestlé augmente la proportion d'aliments bons pour la santé dans sa gamme de produits; et diminue donc la part des produits malsains, notamment trop gras ou trop sucrés, autrement dit la "malbouffe".
Pas de changement lors des votes
Le conseil d'administration s'est opposé à cette revendication. D'après lui, changer la composition du portefeuille en offrant davantage de produits jugés sains ne ferait que favoriser la concurrence.
L'entreprise s'affaiblirait inutilement, sans réel bénéfice sur la santé publique, selon lui. Plus globalement, les dirigeants ont balayé quasiment toutes les critiques.
L'assemblée générale a été appelée à voter sur les propositions avancées pour tenter de modifier la stratégie de Nestlé. Toutes ont été refusées à une large majorité.
Il est souvent très difficile de réunir une majorité d'actionnaires sur ce genre de sujets. D'ailleurs, en amont, plusieurs parmi les plus importants avaient annoncé qu'ils s'opposeraient.
Sujet radio: Jean-Philippe Rutz
Texte web: Antoine Michel