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Des retombées économiques importantes attendues après la fin des JO de Paris

La cérémonie de clôture des JO de Paris 2024 en intégralité
Le bilan économique s'annonce positif après la clôture des JO de Paris / Le 12h30 / 2 min. / le 12 août 2024
Une image redorée, une organisation sans accroc, des hôtels bien remplis: les professionnels du tourisme tirent un premier bilan positif des Jeux olympiques de Paris. Et c'est sans compter les retombées économiques à plus long terme plus difficilement quantifiables, mais estimées entre 6 et 11 milliards d'euros d'ici à 2035.

Selon un premier bilan de l'Office du tourisme de Paris publié lundi, 11,2 millions de visiteurs ont pris part, avec ou sans billet, aux activités liées aux JO en région parisienne entre le 23 juillet et le 11 août.

Parmi eux, 3,1 millions de touristes français et étrangers (+19,2% par rapport à 2023) et 3,1 millions de visiteurs venus pour la journée (venant de hors Île-de-France, comparable à 2023), le reste des visiteurs venant de la région parisienne. En tête des touristes étrangers: les Américains, les Allemands et les Britanniques.

On compte beaucoup sur cette magnifique image pour avoir encore des effets de levier sur la fréquentation touristique d'ici la fin de l'année et sur les deux ou trois ans qui viennent

Corinne Menegaux, directrice générale de l'Office du tourisme de Paris.

C'est conforme aux 11,3 millions de visiteurs auxquels s'attendait l'organisme. Avec les 4 millions de visiteurs prévus aux Jeux paralympiques (dont 90% de Français), l'événement devrait donc attirer un total de 15 millions de visiteurs.

Effets de levier attendus sur 2 ou 3 ans

"On compte beaucoup sur cette magnifique image pour avoir encore des effets de levier sur la fréquentation touristique d'ici à la fin de l'année et sur les deux ou trois ans qui viennent", souligne auprès de l'AFP Corinne Menegaux, directrice générale de l'Office du tourisme de Paris.

Pour les hôteliers, après un début juillet plus que morose, les taux d'occupation, grâce aux étrangers, ont finalement atteint 84% dans Paris intra-muros, soit 10 points de plus qu'aux mêmes dates en 2023 (23 juillet/6 août). Cette hausse profite particulièrement aux établissements haut de gamme, avec un taux d'occupation de 85,5% (+16,5 points).

L'ensemble des villes hôtes (Lille, Marseille, Châteauroux...) en ont profité, avec des nuitées en augmentation de 16% pour les visiteurs français et de 18% pour les internationaux, selon ADN Tourisme, qui fédère les offices du tourisme.

Cela se traduit par un gain de 357 millions d'euros pour les hôteliers en France, selon les calculs du cabinet MKG, qui estime que cette hausse de chiffre d'affaires permet de compenser les semaines maussades précédant l'événement.

A noter que les locations meublées type Airbnb pour qui les Jeux sont "le plus grand événement de l'histoire d'Airbnb" avec "plus de 400'000 voyageurs" séjournant en région parisienne, tire également un bilan positif de l'événement en lui-même.

Des perdants aussi

Il y a des gagnants et des perdants: les restaurateurs et commerces éloignés des sites de compétition, les musées, les sites touristiques comme Disneyland Paris ont vu leur fréquentation s'éroder. Les visiteurs et visiteuses, qui ont privilégié la restauration sur site, étaient également plus enclins à prendre des repas sur le pouce et dépenser moins.

Mais pour Corinne Menegaux, cela devrait être compensé par l'activité des prochaines semaines: "On a des arrivées à partir de demain", assure-t-elle, "des gens motivés par l'ambiance des Jeux et qui ont vu que finalement tout se passait bien".

Pour l'économiste Luc Arrondel, coéditeur d’une étude (Retombées économiques des Jeux olympiques par Jean-Pascal Gayant, Revue de l’OFCE),  interrogé par le Parisien sur les retombées immédiates de ces JO, il faut parler d'une opération à somme nulle, estimant leur impact économique à court terme à environ 4 milliards d’euros en 2024, avec un coût pour le contribuable quasi équivalent, soit entre 3 et 4 milliards d’euros. Mais c'est sans compter les retombées à long terme, plus difficilement quantifiables (lire encadré).

Sujet web: Fabien Grenon

Sujet radio: Benjamin Luis

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Entre 6 et 11 milliards d'euros de retombées à long terme

A la fin de l'année 2023, une étude du Centre de Droit et d'Economie du Sport (CDES) estimait déjà que les Jeux olympiques de Paris seraient un succès économique, générant en Ile-de-France entre 6,7 et 11,1 milliards d’euros de retombées économiques d'ici à 2035, avec un scénario intermédiaire de 8,9 milliards d’euros. Un montant réparti sur trois secteurs, à savoir la construction, l’organisation et le tourisme.

N’en déplaise aux esprits chagrins, ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros constitués en grande partie d’investissements privés, rentreront largement dans leurs frais

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation

Si à l'époque, ces chiffres étaient souvent remis en question, au lendemain de la cérémonie de clôture de l'événement, ils semblent se confirmer. C'est en tout cas ce qu'a assuré la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, Olivia Grégoire, dans un entretien à la Tribune Dimanche.

"N’en déplaise aux esprits chagrins, ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros constitués en grande partie d’investissements privés (ndlr. à 96%, selon le Comité de Paris 2024), rentreront largement dans leurs frais", souligne-t-elle, tablant sur 9 milliards de retombées d’ici à quinze ans. 

Un immeuble faisant partie du village olympique.
Un immeuble faisant partie du village olympique.

Il faut dire aussi que certains secteurs d'activité ont commencé à travailler pour ces Jeux plusieurs années avant leur coup d'envoi, à l’image de la construction, où 30'000 personnes ont travaillé sur les chantiers des ouvrages olympiques, comme le Village des athlètes, "vitrine de la ville de demain et démonstrateur du savoir-faire français", comme le soulignait le CDES dans son étude.

Au total, 181'000 personnes ont travaillé directement ou indirectement pour les Jeux, notamment dans des secteurs en tension (sécurité privée, hôtellerie et restauration).

Un héritage matériel et immatériel

Et puis il y a des bénéfices plus indirects, mais que le gouvernement tient à souligner. Les Jeux olympiques laissent en effet un héritage matériel sous forme de rénovations ou de créations de transports, à l'instar de la prolongation jusqu'à l'aéroport d'Orly de la ligne 14 du métro parisien. Ils ont permis en outre la création de nouvelles infrastructures, dont les résidences des athlètes qui seront reconverties en logements.

>> Lire aussi : Sous le feu des projecteurs, la Seine-Saint-Denis espère tirer son épingle des Jeux

Et le dernier bénéfice, mais pas des moindres: le rayonnement médiatique dont a pu profiter Paris et la France, avec chaque jour de la manifestation de véritables cartes postales diffusées dans le monde entier, parmi lesquelles le terrain de beach-volley au pied de la Tour Eiffel.

Mardi 6 août: un coucher de soleil accompagne le duo suisse de beach-volley Esmée Böbner et Zoé Vergé-Dépré dans les quarts de finale des JO de Paris. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
Mardi 6 août: un coucher de soleil accompagne le duo suisse de beach-volley Esmée Böbner et Zoé Vergé-Dépré dans les quarts de finale des JO de Paris. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]

JO les moins coûteux

Et il faut ajouter à cela le fait que les Jeux de Paris 2024 font partie des moins coûteux de l'histoire olympiques. De plus, les dépassements de budget sont restés raisonnables. 

A titre de comparaison, les Jeux de Tokyo 2020 - reportés à 2021 en raison de la pandémie de Covid-19 -, auraient coûté, selon les estimations, plus de 13 milliards d'euros. Une facture plus ou moins similaire à celles des Jeux d'Athènes en 2004 (13 milliards d'euros), de Londres en 2012 (de 12 à 15 milliards d'euros selon les estimations) ou encore de Rio en 2016 (16 milliards), même si ces montants peuvent varier fortement d'une source à une autre, car basés sur des périmètres différents.