Divisions au PS face aux menaces de patrons de quitter la Suisse en cas d'impôt sur les successions
Si l'idée du retour d'un impôt sur les successions pour investir l'argent dans la lutte contre le changement climatique réjouit globalement les socialistes, le prélèvement de 50% sur les héritages au-dessus d'un montant exonéré de 50 millions de francs, proposé par la JS dans le cadre de son "initiative pour l'avenir", inquiète une minorité d'élues et élus fédéraux socialistes.
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Cette minorité est sortie du bois après une interview du patron de l'entreprise thurgovienne Stadler Rail dimanche dans la presse alémanique. En cas de oui, Peter Spuhler, ancien conseiller national UDC dont la fortune est estimée autour de quatre milliards de francs, dit craindre que ses héritiers ne soient obligés de vendre la société familiale "au moins en partie" pour payer ces droits de succession.
Ces déclarations ont été vertement critiquées sur X par la présidente de la JS Suisse Mirjam Hostetmann, qui accuse le milliardaire de "saper la démocratie" en voulant "influencer la décision populaire". "Pour lui, le profit l’emporte sur la moralité", accuse-t-elle, estimant qu'il ne "faut pas se laisser prendre en otage". "Les profiteurs de la crise climatique doivent payer", conclut-elle.
Convaincre la majorité de droite
Le conseiller national PS Fabian Molina a également raillé sur X "le patriotisme des oligarques de l'UDC". Mais cet avis ne fait pas l'unanimité au sein du parti. Sa collègue argovienne Gabriela Suter, elle, est sensible à ces inquiétudes. "Je ne veux pas que nos entreprises tombent dans les mains de multinationales ou soient vendues à l’étranger. Je propose que les partis se mettent ensemble pour élaborer un contre-projet plus modéré", explique-t-elle.
La co-présidente du PS Mattea Meyer, pourtant membre du comité d'initiative, ouvre également la porte à un contre-projet pour éviter ce genre de problématique. Mais même avec un texte moins exigeant, convaincre la majorité de droite du Parlement d'entrer en matière s'annonce difficile.
Alors que les débats n’auront pas lieu avant plusieurs mois, les échanges musclés des derniers jours montrent d'ores et déjà à quel point le sujet est sensible et émotionnel.
Marielle Savoy/jop