Les experts anticipent des faillites en cascade dans le solaire en Chine cette année. De quoi semer le doute quant à la santé d'un secteur présenté comme l'avenir de l'économie chinoise. Cette situation préoccupe les fabricants chinois, à l'heure où de nombreux pays envisagent de se préserver de la concurrence chinoise via un renforcement des taxes à l'importation.
Les difficultés rencontrées par les fabricants chinois de panneaux photovoltaïques sont liées à leur propre surproduction. La surabondance de biens a en effet divisé les prix de ventes par deux en 2023. Le numéro 1 mondial du solaire, le groupe chinois Longi, met en garde contre des prix couvrant à peine ses coûts de production. La société a dû se résoudre à des licenciements. "Trouver un emploi cette année risque d'être compliqué", témoigne mardi dans l'émission Tout un Monde Hui Yantong, un travailleur migrant venu de la campagne.
Les réflexes protectionnistes à l'étranger viennent en outre accentuer la crise du secteur. "Nous ne laisserons pas la Chine décimer nos industries de pointe", a averti la secrétaire au trésor américain Janet Yellen, à la fin de son voyage à Pékin lundi, critiquant la politique industrielle du parti communiste.
Protectionnisme et optimisation
Le cas du solaire est emblématique de la stratégie de développement de la Chine, dont le parti communiste au pouvoir subventionne des pans entiers de l'économie. Pékin commence généralement par identifier les industries stratégiques et décrète des mesures incitatives dans ces secteurs (par exemple des exemptions fiscales, la mise à disposition de terrains ou de locaux, ainsi que la proposition de subventions directes ou indirectes). Ces opportunités attirent de nombreux acteurs qui se mettent à produire tous-azimuts. Résultat: l'offre excède rapidement la demande.
Parallèlement aux incitations, les autorités dressent des barrières autour des industries clés pour les protéger. Les industries sélectionnées fleurissent donc à l'abri de la concurrence internationale. Mais la concurrence domestique existe. Elle est même une composante essentielle du mécanisme.
La compétition interne donne lieu à une guerre des prix source d'innovation et d'optimisation. Lorsque le pouvoir chinois décide de réduire ses incitations, voire les élimine, seules les entreprises les plus robustes survivent. Cette approche darwinienne permet de cultiver des champions capables de rivaliser à l'international.
Opposition des Etats-Unis et de l'Europe
Au cours de ce processus, la surproduction industrielle engendrée est habituellement exportée à bon prix, ce qui crée des tensions à l'international. Jusqu'à présent, Pékin pouvait gérer ces tensions, car les produits peu chers permettaient de renforcer le pouvoir d'achat des consommateurs à l'étranger. Jusqu'à présent, les exportations chinoises se caractérisaient surtout par des produits à faible valeur ajoutée. Mais à l'heure où la Chine cherche à moderniser son industrie en se focalisant sur la haute-technologie, les boucliers se dressent dans de nombreux pays qui craignent pour leur propre industrie.
La stratégie industrielle chinoise a longtemps fonctionné, car le reste du monde jouait le jeu en absorbant les surplus. Mais aujourd'hui, les Etats-Unis et l'Europe ne sont plus d'accords d'accommoder Pékin.
Sujet radio: Michaël Peuker
Adaptation web: Julie Liardet
La Chine s'inquiète de l'enquête de l'UE sur ses subventions dans l'éolien
La Chine s'est dite mercredi "très inquiète" après le lancement par l'Union européenne d'une enquête visant les fabricants d'éoliennes subventionnés par Pékin et soupçonnés de fausser le marché en Europe.
Après l'automobile, le ferroviaire et les panneaux solaires, l'Union européenne a engagé mardi un nouveau bras de fer avec la Chine.
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"Aujourd'hui, nous lançons une nouvelle enquête sur les fournisseurs chinois d'éoliennes", avait annoncé mardi la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager.
Selon la commissaire, Pékin exporte "à bas prix" vers le reste du monde pour compenser son propre ralentissement économique. "Le résultat est qu'aujourd'hui, moins de 3% des panneaux solaires installés dans l'UE sont produits en Europe. Cette stratégie est désormais déployée dans tous les domaines des technologies propres, dans celui des semi-conducteurs traditionnels et au-delà", avait détaillé la responsable danoise.