"Essence de la transition énergétique", le cuivre pourrait cristalliser les tensions à l'avenir
"La chute des cours des minéraux critiques" comme le cuivre, le lithium ou le nickel utilisés pour conduire l'électricité ou dans les batteries des véhicules électriques, les éoliennes et les panneaux solaires "masque le risque de tensions à venir sur l'approvisionnement", indique l'AIE dans son deuxième rapport annuel sur les métaux diffusé vendredi.
L'agence estime à "800 milliards de dollars" le montant total des investissements miniers nécessaires dans le monde d'ici 2040 pour que la planète respecte l'objectif fixé par l'accord international de Paris sur le climat en 2015 (COP21) de limiter à 1,5 degré le réchauffement des températures par rapport à l'ère pré-industrielle.
Le cuivre comme matière première stratégique
Pour Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières et professeur d'histoire économique à l'Université Paris-Dauphine, un métal en particulier va gripper la machine: le cuivre.
"C'est incontestablement là que les tensions sont les plus fortes entre ce que l'on peut imaginer de l'avenir de la production et la montée en puissance de la demande. Sachant qu'à la différence de tous les métaux et probablement même du lithium, le cuivre, lui, est totalement insubstituable, incontournable", a-t-il expliqué samedi dans Forum.
Le cuivre sera la grande matière première stratégique du XXIe siècle
Et d'ajouter: "Il est le métal par essence de la transition énergétique. Il sera la grande matière première stratégique du XXIe siècle." Le cuivre est en effet utilisé pour le transport de l'électricité. "Qui dit électricité, dit cuivre. Une voiture électrique contient 70 à 80 kilos de cuivre, contre 25 pour une voiture thermique. Et si la technologie des batteries va plus ou moins évoluer, les métaux sont plus ou moins remplaçables les uns avec les autres alors que le cuivre est totalement irremplaçable."
Philippe Chalmin note aussi qu'il y a peu de projets miniers importants dans le domaine du cuivre dans les années à venir. "Un projet minier dans le cuivre, c'est facilement 10 milliards de dollars d'investissements, un investissement qui ne commencera à produire que dans une dizaine d'années, sans négliger tous les problèmes environnementaux et politiques qu'il pourrait entraîner." En outre, les pays producteurs sont souvent en proie à une instabilité politique.
Chute du prix du lithium
L'an passé, la chute de 75% du prix du lithium et celle comprise entre 30% et 45% de ceux du cobalt, du nickel et du graphite ont conduit à une baisse de 14% en moyenne des prix des batteries, mais aussi à un risque de coup de frein sur les investissements miniers par rapport aux années précédentes.
En volume, les deux métaux les plus à risque de "tension" sur leur approvisionnement sont le lithium et le cuivre, qui affichent un "écart significatif" entre les perspectives de production et celles de consommation, selon le rapport.
Bon des ventes de voitures électriques
Les besoins augmentent: en 2023, les seules ventes de voitures électriques ont bondi de 35% et le déploiement de panneaux solaires et d'énergie éolienne affiche une croissance de 75%.
Les électrolyseurs qui fabriquent l'hydrogène vert nécessaire pour décarboner l'industrie lourde ou les transports ont besoin de métaux comme le nickel, le platine, ou le zirconium. Et la croissance de leurs installations est exponentielle: +360% en 2023 selon le rapport.
hkr avec afp