La Jeunesse socialiste a saisi l'occasion de la Fête du travail, le 1er mai, pour présenter une pétition qui réclame une amélioration des conditions de travail des apprentis. Parmi ses revendications figure un salaire minimum de 1000 francs en première année. Cette demande n'est pas neuve: la jeunesse du PS avait déjà plaidé en sa faveur l'année passée.
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Membre de la Jeunesse socialiste du Valais romand, Benoît Michellod juge positivement le système de formation professionnelle duale. "Mais un apprenti travaille et produit de la valeur. C'est donc légitime qu'il puisse toucher cela", déclare-t-il.
L'apprenti médiamaticien de 3e année indique recevoir un salaire de 1200 francs par mois. "Une chance", dit-il. "Dans beaucoup de branches, les apprentis sont sous-payés", lance le Valaisan de 19 ans. Il fait valoir qu'un cordonnier en formation gagne 200 francs par mois, alors qu'un graphiste, un électricien ou un coiffeur reçoit moins de 500 francs.
Des chiffres à prendre avec des pincettes. Bien que corrects, ils représentent le bas des fourchettes salariales, qui varient en fonction de la branche, du canton, de l'entreprise et de l'avancée de la formation. Ainsi, le salaire indicatif des cordonniers de première année est de 200 francs mensuels en Valais et de 600 francs dans le canton de Vaud.
"Contre-productif"
Pour Pauline Blanc, l'apprentissage est avant tout une voie de formation. "L'entreprise met du temps et de l'argent pour former un apprenti, en général une personne sortant de l'école", note l'élue au Conseil communal de Lausanne. Et de pointer qu'on choisit un apprentissage pour s'orienter vers un métier particulier et non pour l'argent.
Ce serait très dangereux pour notre système
"Augmenter le salaire ou mettre un salaire minimum serait contre-productif. On court le risque que moins de places d'apprentissage soient disponibles. Ce serait très dangereux pour notre système, qui fonctionne extrêmement bien", soutient l'avocate-stagiaire de 23 ans.
Davantage de semaines de vacances?
Les Jeunes socialistes demandent également que les apprentis bénéficient de davantage que les cinq semaines minimales (jusqu'à 20 ans) pour les vacances. Aux yeux de Benoît Michellod, augmenter les jours de congé se justifie parce que l'apprentissage est un "palier entre les mondes scolaire et professionnel".
Le Valaisan avance également que cela donnerait du temps pour étudier, un plus notamment pour celles et ceux qui préparent leur maturité professionnelle.
Plus de vacances permet aussi un épanouissement personnel plus grand
"Plus de vacances permet aussi un épanouissement personnel plus grand. On n'a pas besoin de sacrifier des pans entiers de sa vie privée et cela facilite aussi la possibilité pour les jeunes en apprentissage de s'investir pour la communauté", argumente-t-il.
Pauline Blanc estime de son côté "qu'aller en cours et aller au travail demande de l'énergie pour l'apprenti". "C'est aussi ce qui fait la qualité de notre formation, axée à la fois sur la pratique et la théorie", souligne la Vaudoise.
Quoi qu'on en pense, l'introduction d'un salaire minimum pour les apprentis aurait d'importantes répercussions, car 80'000 jeunes signent un contrat d'apprentissage chaque année en Suisse.
Propos recueillis par Coralie Claude
Texte web: Antoine Michel