Fréquenter les bancs de l'EPFL ou de l'EPFZ coûtera trois fois plus cher aux étudiants étrangers
En proposant un triplement des taxes, le Conseil des EPF tient compte "des positions clairement exprimées" au Parlement fédéral et des résultats des votes qui y ont eu lieu, a-t-il indiqué vendredi. Il propose aussi une indexation de l'ensemble des taxes d'étude sur l'indice suisse des prix à la consommation afin qu'elles ne soient plus dévaluées par le renchérissement.
Grâce à diverses mesures d'accompagnement, les études dans les EPF resteront "accessibles" pour les étudiants étrangers "particulièrement doués mais disposant de faibles revenus", a défendu le Conseil.
Prévu dès la rentrée 2025
Le Conseil des EPF prévoit que le triplement des taxes sera effectif à partir du semestre d'automne 2025. Une réglementation transitoire permettra aux étudiants déjà immatriculés au sein d'une EPF de terminer leur bachelor ou leur master sans augmentation de taxes.
Une consultation sera lancée prochainement au sein du Domaine des EPF et des offices. Le Conseil des EPF se fondera sur les résultats obtenus pour prendre une décision définitive lors de sa séance des 4 et 5 décembre.
Le président du Conseil des EPF se justifie
Interrogé vendredi dans l'émission Forum de la RTS, Michael Hengartner, président du Conseil des EPF, a répété que cette augmentation des frais de scolarité était une réponse aux décisions prises par le Parlement. "Nous répondons à des décisions du Conseil national et de deux commissions du Conseil des Etats. Ils ont décidé de changer la loi pour nous forcer à augmenter les taxes d'étude", se défend-il au micro de la RTS.
Le président du Conseil des EPF souligne également l'importance de gérer cette transition avec soin pour les étudiants étrangers déjà en Suisse. "Avec les taxes d'étude actuelles, nous avons beaucoup d'étudiants internationaux. Ils ne viennent pas de familles très riches. Ils ont bien budgété leurs dépenses, mais c'est tout juste. Or, si maintenant, au milieu de leurs études, on triple leur taxe d'étude, la situation risque de devenir critique. On propose donc des solutions de transition", poursuit-il.
Confronté au risque que les étudiants étrangers délaissent les écoles suisses en raison de la hausse des coûts, Michael Hengartner dit explorer différentes méthodes, inspirées des universités anglo-saxonnes. Parmi les mesures envisagées, on trouve des réductions de frais pour les étudiants démontrant une incapacité à les payer, ainsi que la possibilité de rémunérer les étudiants via des postes de tutorat.
Rejet catégorique des associations d'étudiants
Les associations d'étudiants de l'EPFZ (VSETH) et de l'EPFL (AGEPoly) ont communiqué vendredi leur rejet catégorique de ces mesures. Les étudiants sont un groupe de la société disposant de ressources financières relativement faibles, arguent-ils.
On ne doit pas faire en sorte qu'ils remplissent les trous du budget des EPF avec leurs taxes, estiment aussi les deux associations. A leurs yeux, les étudiants devraient être sélectionnés en fonction de leurs capacités et de leur potentiel, non de leur situation financière.
Actuellement, les frais d'inscription à l'EPFZ et à l'EPFL s'élèvent à 730 francs par semestre, aussi bien pour les étudiants suisses que pour les étudiants étrangers.
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Le Conseil national pour un triplement
Lors de la session d'été du Parlement, le Conseil national avait décidé que les étudiants titulaires d'une maturité étrangère devraient payer à l'avenir des taxes d'études au moins trois fois plus élevées que les étudiants détenteurs d'une maturité suisse. La commission du Conseil des Etats s'est également prononcée en faveur d'une augmentation, mais seulement du double. Le Conseil des Etats débattra du sujet lors de la session d'automne.
Dans certaines universités suisses, les taxes sont déjà différentes pour les étudiants suisses et étrangers. C'est notamment le cas à l'Université de St-Gall, où les étudiants suisses payent 1229 francs et les étrangers 3129 francs.
ats/hkr