La fusion des deux banques devrait provoquer près de 1000 suppressions de postes liées aux activités en Suisse, a confirmé Sabine Keller-Busse dans la NZZ. Elle s'accompagne aussi d'une importante réduction du nombre de succursales. Selon la directrice d'UBS Suisse, l'objectif est que la banque fusionnée ne dispose plus que de 194 succursales en Suisse. Actuellement, UBS en compte 190 et Credit Suisse 95.
Dans toute cette réorganisation, la région genevoise devrait être largement épargnée par les mesures les plus dures et pourrait même disposer de davantage d'agences après la fusion. En effet, Genève est un canton stratégique pour la banque aux trois clés.
Une forte présence indispensable à Genève
Là où la concurrence est particulièrement aiguë, une présence forte est indispensable, confirme Jean-François Beausoleil, responsable régional d'UBS à Genève. "Après Zurich, Genève est la place financière la plus importante. Nous y avons une énorme concurrence, avec 85 établissements bancaires qui sont établis à Genève pour faire tous les services financiers dans le canton. De plus, nous avons toute la gestion de fortune pour la clientèle domiciliée en Suisse et pour toute la clientèle étrangère qui a un compte en Suisse. Il y a un gros potentiel clientèle, ce qui nécessite une grosse présence."
Il y a une énorme activité au centre-ville
Signe que l'intégration se passe plutôt bien à Genève, Jean-François Beausoleil est accompagné dans sa mission par Pascal Besnard, ex-patron de Credit Suisse à Genève. Celui qui est désormais responsable de la clientèle privée chez UBS estime que maintenir un réseau d'agences fort à Genève se justifie pleinement.
"Dans le bassin franco-valdo-genevois, il y a environ un million d'habitants qui ont besoin de services bancaires. Il y a un passage extrêmement important, notamment à Cité et à Cornavin. Dans les chiffres, ces deux agences cumulent plus de 1'070'00 transactions par année, 240 rendez-vous quotidiens et plus de 4000 visites au safe par mois. Il y a donc une énorme activité au centre-ville", détaille celui qui a aussi été l'ancien président du Servette FC.
"Il faut être présent" pour la gestion de fortune
Le marché genevois se distingue aussi par sa tradition dans la gestion de fortune et la forte présence d'établissements de renom exclusivement actifs dans ce domaine. Pour Dusan Isakov, professeur de finance et de gouvernance d'entreprises à l'Université de Fribourg, il est impensable pour UBS "de ne pas en être".
Il faut être présent pour offrir aux clients privés des services que les autres ne seront pas en mesure d'offrir
"A Genève, il y a des acteurs historiques qui sont là dans ce domaine, il y a également une clientèle internationale importante. Donc il y a un savoir-faire et pour des acteurs comme UBS et Credit Suisse, qui représentent des marques très helvétiques, c'est incontournable, il faut être présent pour capter des clients dans le domaine de la banque privée et pouvoir leur offrir des services que les autres ne seront pas en mesure d'offrir", explique le chercheur fribourgeois.
Car même si la nouvelle UBS veut se recentrer sur la gestion de fortune au plan mondial, elle reste une banque universelle incontournable en Suisse avec une grande diversité dans les services offerts. "Pour Genève, nous avons une part de marché qui est vraiment prédominante sur la partie crédits et hypothèques. Depuis l'intégration de Credit Suisse, nous sommes à environ 49% de parts de marché, ce qui est unique, puisque la moyenne suisse des deux établissements se situe à 26%", expose Jean-François Beausoleil.
Peu de doublons, donc peu de licenciements?
Cette place particulière qu'occupe Genève pourrait aussi la préserver des futures suppressions d'emplois massives qui sont prévues par la grande banque. "A Genève, nous avons la particularité d'être une région où nous sommes très proches de la clientèle avec beaucoup de collaboratrices et de collaborateurs qui s'en occupent. Nous avons très peu de services de 'back office', donc nous avions peu de doublons dans les fonctions des gens", révèle encore le responsable régional.
Genève reste donc un cas un peu à part sur la carte de la fusion entre UBS et Credit Suisse, bien que le regroupement entre les deux établissements bancaires suscite encore passablement de méfiance et de crainte à tous les niveaux.
Sujet radio: Sylvie Belzer
Article web: Jérémie Favre
Pas de changements immédiats pour les clients de Credit Suisse
Pour les clients de Credit Suisse, seule la contrepartie juridique changera dans un premier temps. "Ils continueront à avoir leurs cartes de débit, leurs hypothèques ou leurs produits de placement au Credit Suisse tant que les systèmes informatiques fonctionneront encore", a indiqué Sabine Keller-Busse.
Pour certains clients complexes, comme les grandes entreprises, la migration commencera dès cette année, ajoute-t-elle. Le reste des clients devrait être transféré sur les systèmes d'UBS d'ici à la Saint-Sylvestre 2025, poursuit-elle.