Greenpeace épingle Coop et Migros dans une enquête sur la viande d'origine brésilienne
L'ONG a remonté la chaîne d'approvisionnement de la viande bovine en Amérique du Sud. Son enquête met d'abord en évidence le lien entre Coop, les entreprises de conditionnement de la viande et les élevages pratiquant la déforestation illégale.
Le produit mis en cause est un corned-beef de la marque Bonfine, appartenant à Maestral, une entreprise familiale suisse.
Selon Sera Pantillon, experte consommation chez Greenpeace Suisse, l'origine de ce produit est problématique. "Nous avons pu définir l'abattoir d'où provient la matière première pour la fabrication de ce produit. Il se trouve qu'il est approvisionné par une exploitation qui a reçu 13 amendes environnementales et qui a déforesté plus de 800 hectares ces quinze dernières années", détaille-t-elle dans La Matinale.
Toujours de la viande d'origine brésilienne
Le cas de Migros est différent. L'enquête ne met pas en avant de preuve de lien avec la déforestation. L'enseigne est surtout accusée de ne pas respecter ses engagements.
"Migros a indiqué, à plusieurs reprises, ne plus importer de viande bovine d'origine brésilienne depuis 2020 en raison de plusieurs risques", indique Sera Pantillon. "Mais il y a encore plusieurs produits concernés dans les supermarchés. Par exemple, la viande séchée de la marque M-Budget est fabriquée à base de viande brésilienne. Cela met vraiment à mal la crédibilité de Migros."
Un cadre légal exigé
En matière de promesse, Migros et Coop se sont engagées à mettre en place d'ici à 2026 une chaîne d'approvisionnement sans déforestation. Mais pour Greenpeace, comme pour la Fédération romande des consommateurs, ces deux cas soulignent les limites des engagements sur la base de volontariat.
Les deux organisations réclament un cadre légal en Suisse pour réguler les produits liés à la déforestation, similaire à celui de l'Union européenne.
Des mesures prises si nécessaire
Questionné par la RTS sur cette enquête, le groupe Coop n'a pas souhaité répondre oralement. L'entreprise assure par écrit avoir pris immédiatement contact avec le fabricant de corned-beef accusé d'utiliser de la viande issue de la déforestation. L'enseigne assure "qu'elle mettra en œuvre d'autres mesures si les faits sont confirmés".
Migros évoque de son côté une erreur de communication sur la fin des importations de viande de bœuf en provenance du Brésil. "L'important n'est pas de savoir d'où vient le produit, mais comment la production est effectuée et si elle respecte nos directives et engagements", fait valoir Tristan Cerf, le porte-parole du détaillant. "Pour ces produits-là, on peut être sûr qu'ils proviennent de régions qui ne sont pas sujettes au déboisement ou à la déforestation. Nous travaillons avec un producteur que nous connaissons depuis longtemps, que nos visitons et que nous contrôlons", assure-t-il.
Pour rappel, l'agriculture, dont l'élevage bovin et la production de soja, est responsable de près des trois quarts de la destruction des forêts tropicales à l'échelle mondiale.
Foued Boukari/ami
"Une vraie tromperie du consommateur"
"Les consommateurs sont en droit d'attendre qu'un engagement pris soit tenu. En l'occurrence, ce n'est pas le cas pour Migros. Le produit mis en lumière dans l'étude, la viande séchée M-Budget, est une vraie tromperie du consommateur, qui ne s'attend pas à trouver de la viande brésilienne", déplore Laurianne Altwegg, responsable environnement et agriculture au sein de la Fédération romande des consommateurs.
Selon elle, cette denrée est de "piètre qualité". Son étiquette indique l'utilisation de "stimulateurs de performance non-hormonaux, tels que des antibiotiques", relève-t-elle. "Cela n'a rien à voir avec une viande séchée produite avec une viande d'origine suisse", conclut Laurianne Altwegg.