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Initiative pour freiner les coûts de la santé: "Chacun peut faire un effort pour éviter le gaspillage"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Benjamin Roduit, parlementaire centriste valaisan
L'invité de La Matinale (vidéo) - Benjamin Roduit, parlementaire centriste valaisan / La Matinale / 14 min. / le 7 mai 2024
Le peuple est attendu aux urnes le 9 juin pour donner son avis sur deux initiatives visant à limiter la hausse des primes maladie. Le Centre propose de s'attaquer aux "dépenses inutiles" grâce à un frein, indique le conseiller national Benjamin Roduit (VS) dans La Matinale de mardi.

Payer 15'000 francs des primes par année pour une famille de quatre personnes est "insupportable" et un frein à la hausse des coûts est nécessaire, lance Benjamin Roduit au micro de la RTS mardi. Car le contre-projet du Conseil fédéral "ne va pas assez loin, d'où la nécessité d'inscrire dans la Constitution l'article 117 sur un frein aux coûts de la santé."

>> Pour en savoir plus sur l'initiative du Centre, lire : L'initiative du Centre pour essayer de freiner les coûts de la santé

L'objectif de la mesure du Centre d'"éviter le gaspillage, d'éviter des examens superflus, inutiles (...) sans toucher à la qualité des soins", promet le conseiller national.

Il sera mis en place avec des mesures dès que les coûts de la santé dépasseront l'évolution du salaire d'un cinquième, détaille le Valaisan.

L'objectif de notre initiative est d'éviter le gaspillage, d'éviter des examens superflus, inutiles (...) sans toucher à la qualité des soins

Benjamin Roduit, conseiller national (Le Centre / VS)

L'idée d'indexer les coûts de la santé sur l'évolution des salaires, et donc sur la santé de l'économie, est "évidente", selon lui. "On ne peut pas dépenser plus que ce que l'on a!"

Quatre milliards d'économies

Pour réduire le gaspillage, Benjamin Roduit assure que "chacun, d'un point de vue individuel, peut faire un effort (...) surtout les professionnels de la santé".

"Selon le médecin genevois Philippe Schaller, il y a entre 20, 25, voire 30% d'examens qui sont superflus. L'EPFZ montre dans une étude qu'il y a un potentiel de quatre milliards d'économie avec une meilleure coordination entre les différents acteurs", cite aussi l'élu.

Le conseiller national donne l'exemple du généraliste qui fait passer de premiers examens, puis qui l'envoie chez le spécialiste et qui recommence les mêmes examens et idem à l'hôpital, puis à nouveau pendant la rééducation éventuelle.

"Chacun peut faire son examen de conscience, en tant que professionnel de la santé, et aussi en tant que patient, de se dire à quel moment on peut renoncer ou adapter une thérapie" afin de réduire ces dépenses, lance-t-il.

Dossier électronique du patient, médicaments génériques...

Le texte du Centre ne donne aucune mesure concrète. Mais parmi celles qui pourraient être activées, Benjamin Roduit cite le dossier électronique du patient, la préférence pour les génériques, ce qui pourrait faire économiser "un milliard de francs", tout comme le financement uniforme des soins hospitaliers et des soins ambulatoires et une meilleure la planification hospitalière.

Et de noter que la Suisse est "le pays qui consomme le moins de génériques en Europe", alors que leurs "effets bénéfiques sont prouvés par Swissmedic".

>> Lire également : Le Conseil fédéral pousse à choisir les génériques pour réduire les coûts de la santé

La technologie est une autre solution pour réduire les coûts de la santé, estime-t-il. "Dans tous les domaines, la technologie permet de produire mieux, plus rapidement et moins cher."

Benjamin Roduit pointe encore du doigt les emballages des médicaments car le médecin ne prescrit généralement que 20 pilules alors qu'elles sont vendues par 50. "Les 30 supplémentaires, on les jette, donc c'est du gaspillage."

Les moyens auxiliaires aussi sont souvent une dépense inutile, selon lui. "On vous donne des béquilles, une attelle, etc. Après trois semaines, vous n'en avez plus besoin et on vous dit de les garder ou de le jeter car c'est payé. Mais cela ne fonctionne plus. On doit vraiment intervenir de manière globale."

Concernant le choix des mesures à mettre en place, le Valaisan précise que si aucun accord n'est trouvé entre les partenaires de santé, ce sera au Conseil fédéral de les proposer au Parlement.

>> Voir l'interview d'Elisabeth Baume-Schneider sur le sujet :

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 2 mai 2024

>> Lire aussi : Initiatives sur les primes: "Une excellente destination, mais le véhicule proposé n'est pas le plus opportun"

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Julie Marty

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"Il serait inconcevable de dire oui à l'initiative du PS, mais non à celle du frein"

Bien qu'il votera non à l'initiative du Parti socialiste qui prévoit de plafonner les primes à 10% du revenu, Benjamin Roduit reconnaît qu'elle est "complémentaire" avec celle de son parti.

"Le point de départ est le même: on ne peut plus supporter cette charge des primes, en tout cas pour la classe moyenne. Par contre, l'initiative du PS ne s'attaque pas aux racines du problème, c'est-à-dire aux six à huit milliards de prestations superflues, gaspillées et sur le dos des assurés"

>> La RTS vous propose un calculateur pour savoir si l'initiative pour limiter les primes pourrait vous concerner si le "oui" passe le 9 juin : Profiteriez-vous de l'initiative pour limiter les primes? Notre calculateur

Et d'ajouter: "Elle permet peut-être dans un premier temps de soulager le budget (...) mais le problème n'est toujours pas résolu, et puis il y a même un transfert des primes vers l'impôt."

"Pour moi, ce serait inconcevable de dire oui à l'initiative du PS, mais non à celle du frein", conclut-il.

>> Sur le sujet, lire : Initiatives sur les primes: "Nous voulons un engagement plus important des collectivités publiques"