"Ces mesures visent à assurer à long terme et de manière optimisée la sécurité sur les sites de production en Suisse, en Allemagne et en France", souligne le communiqué publié vendredi.
En Suisse, 130 places de travail sur les 750 du site d'Emmenbrücke doivent être supprimées, aussi bien dans la production que dans l'administration. "Il est probable que les fluctuations naturelles ne suffisent pas, ce qui nécessitera le licenciement de 80 collaborateurs". Une consultation est en cours.
Syndicats en faveur du chômage partiel
Les syndicats Unia et Syna ainsi que la Société suisse des employés de commerce ont réagi dans un communiqué à l'annonce concernant la filiale Steeltec d'Emmenbrücke. Celle-ci "doit renoncer aux licenciements et attendre les décisions politiques qui doivent être prises d'ici la fin de l'année. Le cas échéant, l'entreprise doit recourir au chômage partiel pour préserver les emplois". Les organisations soulignent que "cette restructuration annoncée montre à quel point la situation de l'industrie sidérurgique suisse est inquiétante."
Pierre Derivaz d'Employés Suisse, cité dans un document séparé, appelle les décideurs politiques à "agir rapidement". C'est la seule façon de garantir que l'industrie sidérurgique suisse ne survive pas seulement, mais qu'elle se reforce à l'avenir".
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La réduction de capacités de Swiss Steel passe par la suppression de 530 postes de travail supplémentaires et la réduction du temps de travail hebdomadaire pour 270 emplois à plein temps. En Allemagne, le temps de travail hebdomadaire est ainsi raboté de 15% au sein de la filiale Deutsche Edelstahlwerke.
Mesures "douloureuses maisimalheureusement névitables"
Ces mesures seront "largement effectives en 2025", prévient le groupe qui sert l'industrie automobile, le génie civil ou le domaine aérospatial. Il compte faire passer ses effectifs sous la barre des 7000 personnes au premier semestre 2025. Il en revendique actuellement environ 10'000 sur son site internet.
Pour le directeur général Frank Koch, "ces réductions de postes sont douloureuses mais malheureusement inévitables". Fin octobre, il avait démenti dans la presse des rumeurs sur l'insolvabilité de la société, mais prévenu qu'il fallait réduire les frais fixes.
Le patron avait admis que le sidérurgiste souffrait des problèmes rencontrés par les fournisseurs de l'industrie automobile et espérait notamment que le gouvernement allemand soutienne son industrie automobile avec des primes à l'achat de véhicules électriques.
cab avec ats
Un secteur en crise
Swiss Steel n'est pas le seul aciériste en difficulté en Suisse. Le week-end dernier, près d'un millier de personnes ont manifesté samedi devant l'aciérie de Gerlafingen, dans le canton de Soleure, pour réclamer le maintien de l'usine. L'entreprise compte licencier 120 personnes.
"Avec Stahl Gerlafingen, l'usine d'Emmenbrücke est la dernière aciérie de Suisse, et toutes deux sont confrontées à des difficultés économiques, notamment en raison du coût élevé de l'électricité", ont rappelé les organisations syndicales. "Mais la forte pression exercée par les travailleuses et travailleurs et l'opinion publique dans le cas de Gerlafingen a conduit le Parlement à se pencher en urgence sur plusieurs motions qui permettraient d'améliorer les conditions de production de l'acier en Suisse".
Fin octobre, la commission de l'environnement et de l'énergie du Conseil national a annoncé examiner des mesures immédiates en faveur de l'industrie métallurgique, soumise à une "situation tendue", tout en soulignant l'importance "stratégique" d'une production nationale d'acier et d'aluminium.
Situation tendue en Europe également
Le mois dernier, sept sidérurgistes européens, dont ArcelorMittal et l'allemand Salzgitter ont appelé au secours les Etats de l'Union européenne. Ils ont réclamé des "mesures d'urgence" face à la surproduction mondiale d'acier, en particulier de Chine, et à la concurrence qu'ils jugent "déloyale", permise par l'UE sur son propre sol. Les 27 favoriseraient ainsi des aciers carbonés importés à bas prix alors que les multinationales sont engagées dans de coûteux investissements de décarbonation de leur production. Cela exacerbe "l'impact de la faiblesse de la demande".