Pour la première fois, l'écart de salaire entre les femmes et les hommes est passé sous la barre des 10%, indique l'OFS dans un communiqué. Il s'élevait à 9,5% en 2022, contre 10,8% en 2020.
Pour Didier Froidevaux, chef de la section salaires et conditions de travail à l'OFS, cela s'explique notamment par le fait que les femmes occupent de plus en plus de postes à haut salaire.
"Les femmes ont de plus en plus un haut niveau de formation", explique-t-il dans le 12h30 de la RTS. "Elles sont de plus en plus actives dans des branches qui n'ont pas traditionnellement des bas salaires, ce qui fait que les différences d'insertion structurelle entre les positions occupées par les femmes et celles des hommes a tendance à se rapprocher."
Les écarts salariaux sont cependant davantage marqués parmi les postes à responsabilités: 75% des salariés dont le revenu est supérieur à 16'000 francs par mois sont des hommes.
Un bas salaire correspond à une rémunération inférieure à 4525 francs par mois pour un plein temps, note l'OFS. Parmi ces salariés, 62% sont des femmes. Les branches des services personnels, de la restauration et de l'hébergement sont particulièrement concernées.
Du tabac à la coiffure
Avec un salaire mensuel médian de 6788 francs brut pour un poste à temps plein en 2022, la pyramide générale des salaires est restée relativement stable entre 2008 et 2022, a relevé Georges-Simon Ulrich, directeur de l'OFS. Toutefois, il existe d'importantes différences selon les branches économiques, les profils des salariés et les régions.
Les rémunérations sont bien plus élevées dans les branches à forte valeur ajoutée, telles que l'industrie du tabac (13'299 francs), les banques (10'491 francs), l'industrie pharmaceutique (10'296 francs) ou encore les activités informatiques (9412 francs).
A l'inverse, les salariés les moins bien rémunérés travaillent dans les services personnels, c'est-à-dire la coiffure, les soins de beauté, la blanchisserie-teinturerie ou les services funéraires (4384 francs). Viennent ensuite les domaines de l'hébergement (4572 francs), la restauration (4601 francs) et le commerce de détail (5095 francs).
Des disparités entre Suisses et étrangers
L'étude pointe encore des disparités entre Suisses et étrangers. Alors que ceux-ci gagnent plus que les Suisses pour les postes à responsabilités, la tendance est inverse lorsqu'il n'y a pas de responsabilité hiérarchique.
Au niveau des différences régionales, Zurich, la région lémanique et Bâle offrent les meilleurs salaires, tandis que le Tessin est en bas de l'échelle. Les métiers à hauts salaires sont moins représentés au Tessin, a souligné Boris Zürcher, du Secrétariat d'Etat à l'économie.
Ces premiers résultats de l'enquête suisse sur la structure des salaires 2022 se basent sur les réponses d'environ 35'500 entreprises, avec plus de 2,3 millions de salariés.
edel avec ats
Les bas salaires ne suffisent pas pour vivre, selon l'USS
L'Union syndicale suisse (USS) critique le fait que les bas salaires ne suffisent pas pour vivre. Alors que l'économie suisse a connu plusieurs bonnes années, les salaires réels ne connaissent pas une meilleure situation, a relevé l'économiste en chef de l'USS Daniel Lampart devant les médias à Berne.
Même s'il a salué les efforts pour améliorer les salaires des femmes, il a rappelé le fait que celles-ci sont les plus présentes dans les métiers à bas salaires, comme les soins, la garde d'enfants ou les services personnels.
La Suisse doit avoir des objectifs plus ambitieux pour lutter contre les bas salaires, a lancé Daniel Lampart. "Chaque salaire doit suffire pour vivre." Et de mentionner les jeunes en apprentissage qui ont aussi de la peine à boucler leurs fins de mois. "5000 francs par mois brut, c'est un minimum", affirme-t-il.
Invité dans le 19h30, le président de l'USS Pierre-Yves Maillard abonde. "Le bilan est contrasté. L'écart se réduit, c'est l'un des points positifs. Mais il y a des points beaucoup moins positifs. On progresse mais lentement. Et il y a beaucoup de travail à faire pour mieux réguler, notamment dans les métiers dits féminins."