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L'épineuse question de la taxation des super-riches au menu du G20 à Rio

Une photo montre une réunion du groupe de travail de l'Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté du G20 à Rio de Janeiro, le 24 juillet 2024. [reuters - Tita Barros]
L'épineuse question de la taxation des super-riches au menu du G20 à Rio / Le Journal horaire / 31 sec. / le 25 juillet 2024
Face aux inégalités croissantes sur la planète, les ministres des Finances du G20 se retrouvent jeudi à Rio de Janeiro pour évoquer l'idée d'une taxation des super-riches, objet de vifs désaccords entre Etats membres.

Poussée par le chef d'Etat brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui préside cette année le groupe rassemblant la plupart des principales économies mondiales ainsi que l'Union européenne et l'Union africaine, cette question sera sur la table à l'occasion d'une réunion.

"Certains individus contrôlent plus de ressources que des pays entiers", a fustigé mercredi le président brésilien à l'occasion du lancement d'une Alliance globale contre la faim et la pauvreté. Priorité de la présidence brésilienne du G20, elle vise à rassembler des Etats et organisations internationales pour éradiquer la faim dans le monde.

Selon le dirigeant de gauche, il faut taxer les milliardaires car "en haut de la pyramide, les systèmes fiscaux ne sont plus progressifs, mais régressifs".

Accroissement des inégalités

Les inégalités n'ont cessé de se creuser ces dernières années, d'après une étude de l'ONG Oxfam publiée jeudi: les 1% les plus riches du monde ont gagné en dix ans plus de 40'000 milliards de dollars en plus, mais leur imposition est "historiquement" basse.

L'économiste français Gabriel Zucman évalue le taux d'imposition des milliardaires à 0,3% de leur patrimoine. Dans un récent rapport commandé par le Brésil, il propose de créer un impôt de 2% sur la fortune des quelque 3000 milliardaires dans le monde.

Tous les pays du G20 ne sont toutefois pas aussi allants. Les Etats-Unis ont affiché leur opposition à des négociations internationales sur ce thème, tandis que le Ministère allemand des finances a, en amont du G20, jugé "peu pertinente" l'idée d'un impôt minimal sur la fortune.

Un G20 entravé par les divisions

Outre la taxation et l'économie internationale, cette dernière réunion des grands argentiers du G20 avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement les 18 et 19 novembre, également à Rio, doit évoquer vendredi le financement de la transition climatique et la dette.

Alors que le G20 est entravé par les divisions entre pays occidentaux et Russie - également membre du groupe - depuis le début de la guerre en Ukraine, la rédaction d'un communiqué commun demeure un défi. Lors de leur dernière réunion en février à Sao Paulo, les grands argentiers du G20 n'y étaient pas parvenus.

La solution imaginée par le Brésil est d'aboutir d'ici vendredi soir à trois textes: un document spécifique sur la "coopération internationale en matière fiscale", incluant la question de la taxation des super-riches, accompagné d'un communiqué final plus large et enfin d'une "déclaration" publiée séparément par la présidence brésilienne qui elle seule évoquerait les crises géopolitiques.

afp/ther

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Washington contre une taxe internationale des super-riches

Les Etats-Unis ne voient "pas le besoin" de négocier à l'échelle internationale une taxation sur les plus grandes fortunes, a affirmé jeudi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, appelant plutôt chaque Etat à instaurer un système fiscal "juste et progressif".

"La politique fiscale est très difficile à coordonner à l'échelle internationale, et nous ne voyons pas le besoin, ni ne pensons qu'il soit souhaitable d'essayer de négocier un accord international sur cela", a affirmé la dirigeante américaine au cours d'une conférence de presse à Rio de Janeiro, répondant à une question sur le souhait du Brésil d'instaurer une taxe coordonnée à l'échelle du G20 sur les milliardaires.