La décision de suspension a fâché l'usine historique de Turin, les ouvriers italiens craignant que Stellantis veuille fermer leur usine. Mais Gianluca Ficco, membre du syndicat UILM, est optimiste. Il estime que la baisse des ventes est compensée par l’augmentation de la production des boîtes de vitesses hybrides.
"Nous avons demandé à Stellantis de rééquilibrer le personnel. D’offrir l’opportunité à beaucoup de travailleurs d’être transférés du secteur carrosseries, là où est assemblée la Fiat 500 électrique, au secteur qui produit la boîte de vitesses hybride", a-t-il expliqué mardi dans La Matinale.
Manifestation à Bruxelles
Le groupe Stellantis a d’ailleurs annoncé la production d’une nouvelle Fiat 500, hybride cette fois, entre 2025 et 2026. Cette stratégie est dictée par le marché, explique le syndicaliste Luigi Paone, au micro de la RTS.
"Cela montre qu’ils ont peut-être trop voulu encourager le secteur électrique. Aujourd’hui, le marché ne répond pas. Et je crois qu’en Europe, mais surtout en Italie, le gouvernement et l’entreprise doivent se rencontrer pour comprendre que cela ne peut pas être la solution. Si nous ne changeons pas de stratégie, nous risquons vraiment de vivre un futur amer".
Ces difficultés ne sont pas isolées, mais touchent l'ensemble des constructeurs européens. A Bruxelles, des milliers de personnes ont manifesté pour soutenir les travailleurs et travailleuses de l'usine Audi, dont l'avenir est menacé. Ils réclament à l'Union européenne des investissements dans le secteur industriel. Volkswagen, la maison mère d'Audi, envisage également de fermer des usines en Allemagne.
Pouvoir d'achat réduit
Selon Jérôme Chopin, responsable des investissements chez Prime Partner, cette crise est due à une combinaison de facteurs. "La concurrence de Tesla dans le domaine des véhicules électriques a bouleversé l'industrie. De plus, les autorités européennes imposent la vente exclusive de véhicules électriques d'ici 2035", a-t-il expliqué mardi dans La Matinale.
Enfin, la crise économique récente, marquée par une inflation élevée, a réduit le pouvoir d'achat des consommateurs en Europe, diminuant ainsi la demande de véhicules. "Dans le même temps, les constructeurs doivent continuer à investir massivement dans les technologies thermiques et électriques, ce qui pèse lourdement sur leurs finances".
La situation est également difficile en Chine, où la concurrence entre environ 100 constructeurs locaux de véhicules électriques, souvent subventionnés, est très intense. Certains de ces constructeurs commencent d'ailleurs à faire faillite en raison du ralentissement économique et de la baisse de la demande. Même Tesla, qui se concentre uniquement sur l'électrique, voit sa rentabilité chuter avec des sites de production qui ne tournent pas à pleine capacité.
Sujet radio: Antonino Galofaro
Texte web: hkr