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L'inflation pousse les électeurs dans les bras des partis populistes, selon une étude

Le spectre de l'inflation effraie [reuters]
L'inflation pousse les électeurs et électrices à soutenir les partis populistes, selon une étude allemande / La Matinale / 1 min. / le 5 décembre 2024
Des chercheurs allemands ont examiné plus de 300 élections dans les pays industrialisés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ils ont calculé l’impact de l’inflation sur les voix obtenues par les partis extrémistes. 

Le résultat de l'élection présidentielle américaine l'a montré de façon caricaturale: une inflation plus importante que prévu nourrit les candidats populistes. Donald Trump a bénéficié de la forte hausse du coût de la vie - 25% de hausse de l'inflation sur quatre ans - lors du mandat de Joe Biden.

Mais ce n'est pas une spécificité américaine: "Les élections de ces dernières années ont montré que l'inflation peut être un moteur pour les extrémistes et les populistes. Ce lien est même systématique. L'inflation n'a donc pas seulement joué un rôle dans une ou deux élections récentes, c'est une conséquence généralisée", a expliqué Jonathan Federle, chercheur à l'institut de Kiel pour l'économie mondiale, jeudi dans La Matinale.

Prochaines élections en Allemagne

Il est co-auteur d'une étude publiée mercredi, dans laquelle ont été examinés 365 élections dans 18 pays industrialisés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les chercheurs ont ainsi pu quantifier l'impact de l'inflation sur les votes ou les intentions de votes.

Cela leur permet d'estimer le soutien aux partis extrémistes allemands pour les élections anticipées de février prochain. Chaque fois que l'inflation est 10% plus élevée que prévu et que les salaires n'augmentent pas, donc qu'il y a une perte de pouvoir d'achats, le soutien aux partis populistes ou extrémistes augmentent de 2,8 points de pourcentage.

Cas suisse

"Nous avons calculé qu'avec la situation économique actuelle en Allemagne, le soutien aux partis populistes et extrémistes a augmenté de deux points de pourcentage", ajoute Jonathan Federle. Au-delà de l'inflation et du pouvoir d'achat, l'état de santé de l'économie joue aussi un rôle. La crise industrielle que l'Allemagne traverse en ce moment pourrait donc, elle aussi, bénéficier aux partis populistes. A l'inverse, une croissance économique meilleure qu'attendu a tendance à profiter aux partis centristes.

En Suisse, les chercheurs ont examiné en particulier le cas des années 1970, lorsque le choc pétrolier a provoqué une flambée de l'inflation et, en même temps, une stagnation de l'économie. Lors de la législation précédant les élections fédérales de 1971, le renchérissement a atteint 7%, ce qui, selon Jonathan Federle, a permis à deux partis d'extrême droite, l'Action nationale contre la surpopulation étrangère et le mouvement républicain de gagner 13 points de pourcentage.

Mathilde Farine

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