L'irrésistible et paradoxale montée du prix de l'or

Depuis une semaine, le prix de l'or bat des records. Il n'a cessé de monter sur les huit dernières séances, prenant au total 6% pour se rapprocher des 2200 dollars l'once, soit plus de 1900 francs suisses pour 31 grammes du métal jaune.

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette envolée, dont celle du rôle de valeur refuge joué par l'or dans un contexte d'incertitudes géopolitiques et de menace de morosité économique.

De ce point de vue, la période est propice avec les conflits en Ukraine et au Proche-Orient. Des inquiétudes pour l'économie, celle de l'Europe notamment, dont la prévision de croissance a récemment été revue à la baisse par la Commission européenne, s'ajoutent pour rendre très séduisant le métal jaune.

L'or, un actif jugé sûr

Les banques centrales ont ainsi effectué des achats massifs d'or en 2022 et 2023. Interrogé dans La Matinale, Dominique Casaï, directeur de la société URAM spécialisée dans le domaine minier et des énergies, explique les raisons de ces achats.

Il s'agit d'abord de conserver la valeur dans le temps, selon ce spécialiste. Une conservation plus importante avec l'or qu'avec une devise qui risque de se déprécier. Ensuite, l'or a la caractéristique de rester une valeur très performante en période de crise, comme l'ont été les deux dernières années.

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L'achat massif d'or depuis deux ans par les banques centrales chinoise, russe et polonaise notamment, contribue à faire monter les prix. Mais ce nouveau record de prix est, malgré tous ces facteurs, également contre-intuitif, parce que le prix de l'or est en général inversement corrélé aux taux d'intérêt.

En clair, l'or rapporte peu quand les taux directeurs sont hauts. Or, les banques centrales gardent encore ces taux à un niveau plutôt élevé. Malgré cela, le prix du métal jaune grimpe.

Le retour de l'optimisme

Des taux d'intérêt bas pèsent sur le dollar, une monnaie qui fait concurrence à l'or, qui bénéficie alors de ce mouvement, de même que les actions ou des produits plus spéculatifs comme les cryptomonnaies.

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L'or avait ainsi établi des records dans les périodes de taux bas, à l'été 2020. Le relèvement des taux d'intérêt à des niveaux plus vus depuis plusieurs décennies, en réponse à l'envolée de l'inflation, l'avait sévèrement touché en 2022.

Mais depuis la fin 2023, les banquiers centraux ont changé de ton. Et cette semaine, "entre la réunion de la Banque centrale européenne et les commentaires du président de la Banque centrale américaine Jerome Powell devant le Congrès, il y a un réel sentiment que des réductions de taux sont en bonne voie", résume Neil Wilson, analyste de Finalto.

Une éclaircie sur l'horizon des taux directeurs qui, corrélée à la dimension refuge de l'or en période de crise, explique peut-être les sommets atteints depuis une semaine par un métal jaune qui devient de plus en plus précieux.

Sujet radio: Katja Schaer

Adaptation web: Sébastien Blanc avec l'afp