L'obsession de la croissance encourage une "économie du burn-out", prévient un rapport de l'ONU
Son rapport titré "l'économie du burn-out", présenté jeudi à New York, se penche sur le "cercle vicieux" entre pauvreté et problèmes de santé mentale, la pauvreté pouvant être à la fois source et résultat de problèmes mentaux, qui touchent quelque 970 millions de personnes dans le monde selon l'Organisation mondiale de la Santé.
"La mode est à la promotion de sociétés obsédées par la croissance, qui se caractérisent par un climat de compétition et de course à la performance, entraînant un sentiment d'anxiété liée au statut et poussant à la dépression les travailleurs et travailleuses qui ne parviennent pas à répondre aux attentes irréalistes de ce que signifie vivre une vie productive", écrit Olivier De Schutter, qui qualifie cette quête obsessionnelle de l'augmentation du PIB de "croissancisme".
"Il est cependant possible de sortir de ces engrenages, à condition d'accorder une plus grande place au bien-être qu'à la quête sans fin de croissance économique."
Une "charge mentale" pour joindre les deux bouts
"Nous devons aller au-delà d'un simple soutien médical à ceux qui font face à la dépression, à l'anxiété", a déclaré le rapporteur à l'AFP, refusant de seulement "traiter les symptômes". "Nous devons comprendre que l'économie fait maintenant pression sur les gens", en particulier les plus pauvres.
Des pauvres qui font face à une plus grande "charge mentale" pour joindre les deux bouts, qui font face à une stigmatisation, surtout dans les sociétés où les inégalités sont grandes, et qui n'ont pas les moyens d'être traités pour les problèmes mentaux qu'ils pourraient rencontrer.
Troubles à traiter et mesures à prendre
Même si, pour le rapporteur, les médicaments ne sont pas nécessairement la panacée, "les retours sur investissement du traitement de la dépression et de l'anxiété seraient considérables", puisque les troubles de la santé mentale "entraînent des pertes de l'ordre de mille milliards de dollars par an, la dépression étant le principal facteur de mauvaise santé et d'invalidité".
Et ces populations pauvres dans la précarité n'ont pas nécessairement le choix de leur travail, acceptant "charge de travail élevée, exigences de productivité accrue et manque de contrôle sur l'exécution des tâches".
Pour "rompre les cercles vicieux", Olivier De Schutter appelle notamment à lutter contre les inégalités, à une meilleure prise en compte des risques psychosociaux au travail, ainsi qu'à la mise en place d'un "revenu de base inconditionnel".
ats/cab