L'évolution des salaires en Suisse est "alarmante", a déclaré lundi la présidente du syndicat Unia Vania Alleva devant la presse à Berne. Le pouvoir d'achat des salariés s'est réduit et de nombreuses personnes "se battent à la fin du mois avec de grosses factures et des salaires insuffisants qui ne permettent plus vraiment de vivre".
"La forte élévation du coût de la vie, couplée à l'évolution insuffisante des salaires, montre clairement qu'il faut des augmentations de salaire substantielles pour combler l'écart salarial", a-t-elle ajouté, selon la version écrite de son intervention.
Fin d'un consensus
Le retour de l'inflation avec la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine sont souvent avancés pour expliquer cette évolution défavorable. Pourtant, ce n'est pas la première fois que la Suisse doit faire face à une poussée inflationniste, relève le président de l'USS Pierre-Yves Maillard, qui dénonce un choix "idéologique".
Dans les décennies passées, il y avait un consensus sur le principe d'indexer les salaires et les rentes au coût de la vie. "Ce consensus fait défaut dans la crise du pouvoir d'achat que nous vivons", ajoute le conseiller aux Etats socialiste vaudois.
En conséquence, "le travail a perdu de sa valeur au sens économique du terme". Les salariés travaillent chaque année avec un peu plus d'intensité. La productivité augmente, mais ils gagnent moins. Cette situation n'est "pas acceptable". Il faut rattraper ce retard pour que la valeur du travail soit à nouveau suffisamment reconnue.
Un manque de 300 à 500 francs
Pour que la répartition entre travail et capital ne change pas, les salaires devraient augmenter autant que la productivité du travail plus le renchérissement. Avec une hausse de la productivité de plus de 1,5% par année, les salaires sont "en retard de plus de 5%", explique l'économiste en chef de l'USS Daniel Lampart. En d'autres termes, "les bas et moyens salaires gagneraient aujourd'hui 300 à 500 francs de plus par mois si le potentiel de croissance salariale avait été exploité".
Selon Vania Alleva, un emploi sur dix en Suisse est un poste à bas salaire. Cela concerne un demi-million de personnes, essentiellement des femmes. Et même un apprentissage ne garantit pas un salaire équitable. Dans ce contexte, la présidente d'Unia demande des salaires minimums "adéquats". Selon elle, aucun salaire ne doit être inférieur à 4500 francs, ou à 5000 francs pour les personnes au bénéfice d'un apprentissage. Elle exige en outre une revalorisation salariale dans les secteurs des bas salaires.
ats/itg