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La première usine suisse de recyclage de voitures électriques a ouvert ses portes près de Soleure

Le lithium, indispensable à la fabrication des batteries des voitures électriques. [Depositphotos - kristt]
La première usine suisse de recyclage de voitures électriques vient d’ouvrir ses portes près de Solheure / La Matinale / 4 min. / hier à 07:18
Un tiers des nouvelles voitures immatriculées en Suisse l’an dernier étaient électriques, selon les chiffres du TCS. Librec, la première usine de recyclage pour voitures électriques, a ouvert ses portes près de Soleure. Elle pourra traiter jusqu'à 10'000 tonnes de déchets par an, pour une gestion durable des matériaux en fin de vie.

Tesla, Renault Zoé, Volkswagen ID, ces voitures électriques sont de plus en plus visibles sur les routes suisses. L’année dernière, une voiture neuve sur trois était électrique. Et au total, elles représentent un peu plus de 6% de la flotte.

Les batteries de ces véhicules pourraient bien terminer leur course sur les transpalettes de Librec.

"Pour le moment, les batteries qui arrivent au recyclage viennent principalement de la production, ce sont les rejets de production", explique Jodok Reinhardt, directeur et fondateur de Librec. "Sinon il y a aussi quelques retours de produits défectueux et déjà quelques batteries en fin de vie."

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Energie verte

Une fois les batteries récoltées par Librec, elles sont d'abord déchargées. "Cela se passe dans douze chambres en briques et béton massif. Toute l’électricité récupérée part dans la production. Librec n’utilise que de l’énergie verte."

Pourquoi avoir voulu créer une entreprise de ce genre en Suisse? "Si la Suisse continue à électrifier son parc de véhicules, jusqu’à un quart des véhicules, cela ferait un million de voitures qui transporteraient 400’000 tonnes de batteries. Ici, on peut traiter jusqu’à 10’000 tonnes par année. Même si on arrive à ce chiffre, notre capacité reste insuffisante", détaille-t-il. En d’autres termes, il y a un besoin réel.

Dans la halle suivante, par différents procédés mécaniques, les batteries sont réduites en miettes et les matériaux triés. Dans une caisse, le cuivre, dans une autre, l’aluminium..

"Et là, vous pouvez voir la fameuse "black mass", une poudre noire composée de nickel, de cobalt et de lithium, à hauteur de 25% chacun. Elle a une grande valeur, car la tonne se vend entre 3000 et 4000 euros."

Cette poudre est vendue en Corée du Sud, car l’Europe n’a pas encore les capacités suffisantes pour l’exploiter. En effet, si ces dernières années le nombre de véhicules électriques a explosé, en 2024, les ventes stagnent. L’Union européenne, qui avait prévu d’interdire les moteurs thermiques pour les nouvelles immatriculations dès 2035, réfléchit même à assouplir cette mesure. Un climat politique incertain, mais qui n’inquiète pas Jodok Reinhardt.

"Nous avons conçu des infrastructures pour 20 à 30 ans. Et en tant que recycleurs, nous sommes en contact étroit avec les producteurs de batteries et d’automobiles. Pour eux, c’est très clair: il n’y aura pas de retour en arrière, même en Europe. La question, c’est de savoir à quelle vitesse ce changement va s’opérer."

Miser sur le recyclage: un pari fou

Tout miser sur le recyclage constitue un pari qui pourrait se révéler gagnant grâce à un autre facteur, comme l'explique Roland Hischier, chef de groupe à l’EMPA, le laboratoire fédéral de recherche des matériaux.

"Pour les métaux qu'on utilise dans les batteries, on n'a pas des quantités de ressources illimitées à disposition. Alors, je pense que c'est le prix qui va guider l'industrie. Le prix des matières premières les plus rares va augmenter, et du coup, le recyclage va devenir aussi économiquement plus intéressant."

Une tendance à long terme qui pourrait donner raison à Librec. Selon un rapport de la Confédération, les revenus du recyclage devraient dépasser ceux du secteur minier d'ici à 2060. Quant à Librec, elle planifie déjà l’ouverture de futurs sites dans les prochaines années.

Joëlle Cachin/fgn

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