La raréfaction des laboratoires d'analyses médicales n'est pas sans conséquence pour les patients
La concentration des entreprises s'accélère, avec la récente acquisition des laboratoires Docteur Risch par Medisupport, mercredi dernier. Ce rachat a fait disparaître l'un des quatre principaux acteurs du paysage médical, ne laissant que trois entreprises majeures: Médisupport, Unilabs et Viollier.
Il faut dire que tous les prix ont baissé de 10% en août 2022. En outre, certaines analyses ne sont plus remboursées pour tout le monde - comme la vérification de la vitamine D - des décisions émanent de l'Office fédéral de la santé publique. Or, si cette mesure fait baisser les coûts de santé globaux, elle pèse lourdement sur les finances des laboratoires, avec une chute de revenus atteignant 18%, selon leur faîtière.
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Des équipements sophistiqués et coûteux
Mais quelles sont les implications de cette course au rachat pour le secteur et, surtout, pour les patients? La réponse est claire: plus c'est gros, plus c'est robuste. Les analyses médicales, notamment les tests sanguins, requièrent des équipements sophistiqués et coûteux, principalement des chaînes robotisées.
Seules les entreprises traitant de gros volumes peuvent espérer rentabiliser de telles technologies. Cependant, les coûts restent élevés en raison des salaires suisses et des normes strictes de sécurité biologique, exacerbant la vulnérabilité du secteur face à la pression des prix.
Des économies mais aussi des risques
Les regroupements d'entreprises sont inévitables, avec des ramifications dans nos hôpitaux, où certaines activités sont désormais déléguées à ces géants privés.
Cela pourrait se traduire par des économies pour les patients, mais cela comporte également des risques. En effet, la centralisation des diagnostics et des décisions médicales entre les mains d'un petit nombre d'acteurs pourrait conduire à une situation de monopole, mettant en péril notre accès à des analyses diversifiées et de qualité.
Il est également important de garder à l'esprit que la réduction des coûts ne se traduit pas toujours par des économies durables. Les analyses médicales, bien que souvent invisibles pour le grand public, sont essentielles pour décider d'une thérapie.
30% d'analyses inutiles
Le marché, estimé à 2 milliards de francs suisses, représente entre 2 et 6% des coûts de la santé. Il reste des coupes à faire dans les 30% d'analyses inutiles, même pas lues par les médecins, selon la faîtière.
Le département de l'Intérieur a privilégié une baisse des tarifs, au risque de céder tout le pouvoir à une poignée de laboratoires. Mais les patients risquent de voir leurs intérêts se péjorer, notamment en ce qui concerne la qualité du suivi médical.
La priorité actuelle semble donc plutôt être la réduction des analyses jugées inutiles, même si elles s'avèrent parfois indispensables pour certains patientes et patients.
Dominique Choffat/hkr