La Suisse en danger de perdre sa place de leader mondial dans la gestion de fortune?
En 2023, les banques suisses géraient 21% de la fortune mondiale, un chiffre en baisse qui révèle une érosion progressive de leur domination.
Un constat dressé mercredi matin à Zurich lors de la présentation des résultats d’une enquête menée par le cabinet Deloitte et qui met en lumière les défis auxquels la place financière suisse est confrontée.
L'impact de la chute de Credit Suisse
La réputation de la Suisse en tant que refuge sûr pour les capitaux a été durement touchée par l’effondrement de Credit Suisse en mars 2023. Ce qui était autrefois la deuxième plus grande banque du pays a vu de gigantesques sommes quitter ses coffres, principalement en provenance d’Europe et du Moyen-Orient.
Depuis, les flux de capitaux vers la Suisse ne se sont pas entièrement rétablis, affaiblissant encore sa position sur la scène mondiale. Selon les experts à l’origine du rapport, cette crise a entaché l’image de stabilité financière du pays.
Une réglementation à double tranchant
Outre cette crise bancaire, la Suisse se prépare aussi à adopter de nouvelles régulations internationales, ce qui inquiète les acteurs du secteur. Alors que le pays s’efforce de se conformer aux standards globaux de transparence et de conformité financière, d’autres grands concurrents, comme les Etats-Unis, choisissent de ne pas suivre ce mouvement, renforçant ainsi leur attractivité. Le Royaume-Uni et d’autres places financières européennes temporisent également dans l’application de certaines règles, laissant la Suisse dans une situation de désavantage concurrentiel.
Malgré tout, la Suisse conserve une position de leader dans la finance, mais les bases de cette compétitivité — sa stabilité politique, fiscale, économique et sa sécurité juridique — perdent également peu à peu de leur intérêt pour les mêmes raisons.
Un avenir incertain
La Suisse risque clairement de perdre sa place de numéro un dans la gestion de fortune internationale, selon Jean-François Lagassé, responsable des services financiers pour Deloitte Suisse et auteur de l’étude. Alors que la fiscalité favorable et la neutralité politique ne suffisent plus à attirer autant de capitaux internationaux qu'auparavant, les Etats-Unis se démarquent grâce à des gestionnaires de fortune de haut niveau et des avancées technologiques en intelligence artificielle. De plus, leur cadre fiscal et réglementaire, plus souple, leur offre un avantage stratégique.
Face à ces menaces, les recommandations des spécialistes sont claires: la Suisse doit investir massivement dans la transformation numérique de ses services financiers et adapter son cadre réglementaire pour restaurer la confiance sans freiner la croissance économique. Ces ajustements seront essentiels pour permettre à la place financière suisse de rester compétitive dans un secteur de plus en plus globalisé et concurrentiel.
Mathilde Farine/ther