La vente alimentaire en ligne de Migros largement déficitaire
Dans une enquête publiée vendredi matin, le TagesAnzeiger estime que le géant de la distribution aurait perdu 30 millions de francs l'an dernier sur son activité Migros Online. Le groupe ne confirme pas, indiquant simplement que le chiffre d'affaires de cette entité a atteint 344 millions de francs en 2023, en hausse de près de 5%.
Mais selon plusieurs experts, le chiffre est plausible. Car le marché de la vente alimentaire en ligne n'est pas simple. Il faut livrer rapidement, respecter la chaîne du froid, les produits sont fragiles et on ne peut pas les mélanger. Et si le transport est relativement simple dans les zones urbaines, il coûte beaucoup plus cher dans les zones rurales éloignées.
Perte liée à la sous-traitance?
Il est donc difficile d'en faire une affaire rentable, mais pas impossible. Le Shop, prédécesseur de Migros Online, était rentable, confirme Dominique Locher, l'un de ses co-fondateurs et ancien directeur.
Ce dernier estime d'ailleurs que Coop s'en tire mieux, même si elle ne donne pas non plus de chiffre de rentabilité. La raison: elle livre elle-même dans les zones urbaines et s'appuie sur La Poste pour les plus longues distances. Migros, de son côté, a sous-traité l'intégralité de ses livraisons à La Poste. Ce qui lui coûte probablement plus cher et permet moins de flexibilité dans la livraison que son concurrent, estime Dominique Locher.
Migros Online reste le leader suisse des supermarchés en ligne, devant coop.ch. Dans le cadre de sa stratégie adoptée en 2021, Migros a décidé de se recentrer sur le commerce de détail et avait annoncé début février un investissement de huit milliards de francs sur les cinq prochaines années dans ses supermarchés et dans le développement du commerce en ligne.
>> Lire également : Migros va encore biffer 415 emplois et les magasins Melectronics seront en partie repris par Mediamarkt
Mathilde Farine/jop