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Le groupe éditorial Madrigall a abusé de son pouvoir de marché relatif face à Payot

Victoire pour Payot. La Commission de la concurrence lui donne raison dans son bras de fer avec le groupe Gallimard
Victoire pour Payot. La Commission de la concurrence lui donne raison dans son bras de fer avec le groupe Gallimard / 19h30 / 2 min. / le 21 novembre 2024
Le groupe éditorial Madrigall a abusé de son pouvoir de marché relatif en refusant de fournir à Payot ses livres aux conditions habituelles valables en France. La Commission de la concurrence lui impose de permettre un approvisionnement direct aux conditions françaises à Payot.

Le groupe Payot est dépendant de Madrigall (voir encadré), souligne jeudi la Comco dans un communiqué. Il ne dispose pas de sources d’approvisionnement alternatives "suffisantes et raisonnables". Renoncer à la vente de livres Madrigall ne constitue pas non plus une option réaliste.

Dans ce contexte, la Comco juge "abusifs" les prix d’achats proposés par Madrigall à Payot. Le groupe français est désormais tenu de permettre au libraire romand de s'approvisionner directement depuis la France.

La Comco s'est appuyée pour sa décision sur les nouvelles dispositions concernant le pouvoir de marché relatif, consécutives à l’initiative pour des prix équitables visant à lutter contre "l’îlot de cherté suisse".

"Le prix juste"

"Nous accueillons avec satisfaction la décision de la Comco", a réagi dans un communiqué la direction du libraire. Ce verdict "reconnaît à Payot le droit de s'approvisionner (...) au prix du marché et aux conditions usuelles de la branche (dans l'Hexagone)."

Il faut maintenant passer à la phase d'application, qui doit permettre "de proposer un prix juste à nos clients tout en maintenant des librairies de qualité en Suisse romande", ajoute Payot.

La société romande avait déposé plainte en automne 2022 contre le groupe français, dénonçant une surmajoration du prix des livres et une distorsion de la concurrence. Son directeur général de l'époque Pascal Vandenberghe avait alors parlé de "racket", occasionnant des différences de prix en magasin de 35% à 50% par rapport au prix possible si Payot pouvait acheter en France.

L'impact favorable auquel peut s'attendre désormais la clientèle de Payot n'est pas encore quantifiable. "Définir un pourcentage précis pour la baisse des prix est prématuré. Nous avons notamment besoin de connaître quelles seront nos conditions d’achats finales auprès de Madrigall. Nous souhaitons que le différentiel de prix soit le plus faible possible pour les consommateurs", a indiqué la Directrice générale déléguée Bénédicte Kuchcinski. Elle s'attend à ce que la mise en application de la décision de la Comco prenne "quelques mois".

Le verdict de la Comco peut aussi faire l'objet d'un recours devant le Tribunal administratif fédéral.

ats/ther

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Madrigall, un groupe éditorial incontournable

Madrigall est un des plus importants groupes éditoriaux français. Il comprend une quinzaine de maisons d’édition, dont Gallimard et Flammarion, et publie de nombreux auteurs primés. Lors du dépôt de la plainte, Pascal Vandenberghe, avait expliqué que 90% des livres français vendus en Suisse romande venaient du géant hexagonal.

Avant de saisir la Comco, Payot avait tenté pendant des mois, en vain de négocier avec le groupe éditorial.

Au passage, Pascal Vandenberghe avait dénoncé également une distorsion de la concurrence avec le groupe Fnac Suisse, qui peut importer ses livres directement de France en bénéficiant des prix d'achat français.