Martin Schlegel, entré à la banque centrale suisse en 2003, a été nommé mercredi par le Conseil fédéral au poste de président de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS).
Antoine Martin, actuellement membre de la direction générale et chef du 3e département, reprendra la fonction de vice-président et Petra Tschudin, jusqu'alors membre suppléante, rejoindra la direction générale, a annoncé le Département fédéral des finances (DFF) dans un communiqué.
Karin Keller-Sutter, cheffe du DFF, a souligné "la solide compétence professionnelle" du nouveau patron de la BNS, qui est "reconnue au niveau international".
"Grande responsabilité"
Le gouvernement a établi en mai une première liste de candidats potentiels, évaluant aussi des candidats externes à l'institut d'émission, a détaillé la ministre des Finances lors d'une conférence de presse à Berne.
Martin Schlegel a quant à lui souligné "le grand honneur" et "la grande responsabilité" d'avoir accédé à la tête de la BNS. Cette dernière "a été efficace ces dernières années", en luttant contre l'envolée de l'inflation en Suisse. "Nous allons continuer à assurer notre mandat de stabilité des prix", a-t-il martelé, alors que la banque centrale helvétique vient d'abaisser pour la deuxième fois son taux directeur à 1,25%.
"Il devrait assurer la stabilité"
Invité mercredi dans Forum, John Plassard, directeur de la banque Mirabeau, a expliqué que le nouveau directeur de la BNS aura du pain sur le planche. "Beaucoup de sujets considérés comme chauds sont actuellement à l'ordre du jour en Suisse, mais aussi en Europe, notamment la maîtrise de l'inflation, qui a grimpé de 1,1% à 1,4% [...] Le résultat des législatives en France en cas d'arrivée au pouvoir de l'extrême droite ou de l'extrême gauche pourrait également mettre une forte pression sur le franc suisse", a-t-il notamment listé.
En outre, comme l'explique John Plassard, l'annonce de la nomination de Martin Schlegel n'a pas affecté le franc suisse, signe que les investisseurs étaient préparés. "C'est quelqu'un qui devrait continuer à assurer une stabilité, notamment au niveau de l'inflation et de la stabilité économique", poursuit-il.
Impact du changement climatique
Interrogé sur l'importance du changement climatique dans la stratégie de placement de la BNS, un sujet pour lequel elle est régulièrement critiquée, Martin Schlegel a seulement indiqué que l'institut d'émission "analyse les conséquences du changement climatique" dans le cadre de la politique de l'établissement.
Karin Keller-Sutter a pour sa part applaudi le "remarquable travail en des temps difficiles" et le "précieux engagement en faveur de notre pays" de Thomas Jordan, le prédécesseur de Martin Schlegel.
ats/hkr
La levée du taux plancher, fait marquant de la présidence de Thomas Jordan
Thomas Jordan a rejoint en 1997 la BNS à Zurich et a été nommé en mai 2007 membre de la direction générale. Le Biennois a pris en avril 2012 les rênes de la banque centrale suisse, alors en pleine crise après le départ de Philipp Hildebrand. Ce dernier avait été contraint à la démission suite à des transactions controversées sur devises réalisées par son épouse d'alors.
La levée du taux plancher entre le franc et l'euro en 2015 a été l'un des faits marquants de la présidence de Thomas Jordan, alors que la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 et la chute de Credit Suisse ont marqué la fin de son mandat.
Défendant de longues années, contre vents et marées, une politique monétaire ultra-accommodante qui lui a attiré les foudres du secteur bancaire en Suisse, le président partant de la BNS a mis un terme en septembre 2022 aux taux d'intérêt négatifs qu'il avait introduits en 2015.