Les aides publiques à l'agriculture sont deux fois plus élevées dans les pays riches
Sur la période 2019-2021, les aides publiques sont en moyenne deux fois plus élevées dans les pays à revenu élevé que dans les pays à revenu intermédiaire.
Elles atteignent 45'700 dollars par actif agricole aux Etats-Unis, 11'600 dollars dans l'Union européenne, 580 dollars en Inde/Chine, 105 dollars en Ethiopie et 17 dollars au Ghana, selon un observatoire mis en place par le groupe de réflexion dédié aux questions agricoles.
Ces sommes recouvrent des aides directes aux producteurs comme les subventions à l'hectare ou à l'achat d'engrais, des aides aux consommateurs comme les coupons alimentaires et des services collectifs pour le développement du secteur agricole.
Amérique du Nord et Europe en tête
L'Amérique du Nord et l'Europe, les deux premières régions exportatrices de produits agricoles, sont aussi celles qui dépensent le plus, les aides y représentant respectivement 25% et 22% de la valeur de la production agricole, selon Farm. Seule l'Inde arrive à un ratio similaire (24%).
Pour effectuer ces calculs, Farm "a agrégé et harmonisé différentes sources de données", comme celles de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), analysant au total 88 pays pesant plus de 90% de la valeur de la production agricole mondiale, explique Abdoul Tapsoba, chef de projet chez Farm.
Baisse des soutiens
En plus des aides directes, les Etats peuvent soutenir leurs agriculteurs via des mécanismes de soutien sur les marchés mondiaux comme les restrictions à l'exportation, les réglementations sanitaires ou les taxes.
Cette catégorie s'est fortement réduite dans les pays riches mais a progressivement augmenté dans les pays à revenus intermédiaires, comme l'Inde qui l'été dernier a décidé d'interdire l'exportation de riz blanc non basmati afin de conserver suffisamment de ce produit pour ses habitants et limiter les hausses de prix.
Principalement pour se conformer aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l'agriculture, le soutien total des pays riches dans son ensemble a beaucoup baissé, passant de 44% de la valeur de la production agricole en 2000 à 25% en 2021. La Politique agricole commune (PAC) représentait 66% du budget européen en 1992, contre 30% actuellement.
Ce repli fait diminuer effectivement les revenus des agriculteurs, qui se mobilisent en ce moment à travers l'Europe pour vivre décemment de leur activité.
edel avec afp
Des tracteurs paralysent Bruxelles alors que l'UE révise les règles agricoles
Des centaines de tracteurs paralysent lundi le centre de Bruxelles, en marge d'une réunion des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne ouvrant la voie à des simplifications de la Politique agricole commune (PAC). Quelque 900 véhicules agricoles ont été dénombrés par la police, qui barricade les abords du Conseil européen.
Sous pression, les Etats membres avaient exigé de la Commission européenne un plan de "simplification" des règles de la PAC. Bruxelles présente lundi ses premières pistes.
Mesures "insuffisantes"
Une révision de la politique agricole "est une bonne chose" afin de "mieux rémunérer" les agriculteurs, affirme le ministre belge de l'Agriculture David Clarinval, tout en rappelant que la Commission proposera aussi "en mars" des mesures hors PAC, éventuellement sur "la formation des prix" du marché.
"Il y a aussi des éléments du 'Green Deal' (Pacte vert, ndlr) qui sont demandés aux agriculteurs mais qui ne sont pas rémunérés, c'est le coeur du problème", a ajouté David Clarinval.
Pour autant, les organisations manifestant lundi jugent insuffisantes les mesures esquissées. Elles exigent notamment l'"arrêt définitif" des négociations commerciales avec les pays sud-américains du Mercosur et un "meilleur partage de la valeur" avec industriels et distributeurs.