Modifié

"Les banques doivent jouer leur rôle de soutien à la croissance", estime Christel Rendu de Lint

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Christel Rendu de Lint, codirectrice de la banque d’investissement Vontobel
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Christel Rendu de Lint, co-directrice de la banque d’investissement Vontobel / La Matinale / 12 min. / aujourd'hui à 05:59
Invitée lundi dans La Matinale de la RTS, la codirectrice de la banque privée zurichoise Vontobel Christel Rendu de Lint plaide pour une meilleure compréhension du rôle des banques dans le soutien à la croissance, tout en respectant les règles.

"Oui, les banques souffrent toujours d'une mauvaise image en Suisse. C'est compréhensible au vu de ce qui s'est passé, notamment avec Credit Suisse", reconnaît Christel Rendu de Lint. "Cette mauvaise image n'est pas justifiée pour tous les établissements", estime toutefois celle qui codirige la banque Vontobel depuis un peu plus d'un an. Cet établissement fait partie du top dix des banques privées suisses, avec plus de 200 milliards de francs sous gestion comptable, répartis à peu près à moitié entre clients privés et clients institutionnels comme des caisses de pension.

Les banques ont un rôle de soutien à la croissance

Christel Rendu de Lint, codirectrice de Vontobel

"Il me tient à cœur que soit compris le rôle que les banques ont à jouer. C'est un rôle de soutien à la croissance", explique Christel Rendu de Lint. "Une entreprise qui veut se développer aura besoin de prêts. Si une banque suisse ne l'accorde pas, c'est une banque étrangère qui le fera." Et d'insister: "C'est le nerf de la guerre pour la croissance. La plupart des emplois sont créés par des petites entreprises. Ce rôle de poumon de l'économie doit être mis en avant."

"Il faut se tenir aux règles"

Interrogée sur les récentes affaires qui ont débouché sur des sanctions contre Mirabaud ou une inculpation pour blanchiment contre Lombard-Odier, Christel Rendu de Lint n'hésite pas: "Il faut se tenir aux règles, il n'y a pas d'autre façon", souligne-t-elle. "C'est la façon de rester dans le métier, d'avoir une évolution qui soit durable."

>> Lire aussi : La Finma sanctionne lourdement la banque Mirabaud et La banque privée Lombard Odier inculpée de blanchiment d'argent aggravé

Ces affaires sont le signe que cette "régulation fonctionne", "il y a une intention très claire de ne pas laisser de marge de manœuvre". "Pour tous les établissements qui s'y tiennent, c'est important que les standards soient appliqués de façon uniforme et qu'ils s'appliquent à tous."

La stabilité de la place financière est nécessaire

Alors que le patron d'UBS Sergio Ermotti a dit ne pas vouloir que les compétences de la Finma, l'autorité régulatrice des marchés financiers en Suisse, ne soient renforcées, Christel Rendu de Lint insiste sur l'importance d'avoir une "place financière qui soit stable", tout en invitant "à ne pas faire une chasse aux sorcières contre UBS".

>> Lire aussi : La Finma somme UBS de renforcer son plan d'urgence

"UBS n'est pas venue demander le sauvetage de Credit Suisse, ne confondons pas tout! UBS est une entreprise importante en Suisse, qui crée beaucoup d'emplois et des revenus fiscaux." Et de rappeler encore: "Il faut conserver sa compétitivité: si ce n'est pas UBS, ce sera une banque internationale qui viendra prendre son rôle, tout cela dans le contexte d'une stabilité de la place financière."

Un rôle d'oxygénation du système

Pour la codirectrice de Vontobel, le secteur financier est toujours un pilier de l'économie suisse, un secteur qui a besoin d'être régulé, mais aussi soutenu, "au sens positif du terme".

Là où il y a pouvoir, il y a responsabilité

Christel Rendu de Lint, codirectrice de Vontobel

"Il faut comprendre les enjeux dans ce contexte-là, que ce soient des enjeux d'emploi, de croissance", décrit-elle. "Les banques sont là pour jouer un rôle économique qu'on a pu observer dans la crise de 2008. (...) On a passé très proches d'une catastrophe, et c'est là qu'on a pu observer le rôle d'oxygénation que doivent jouer les banques", tout en respectant les règles. "Les deux vont de pair: là où il y a pouvoir, il y a responsabilité."

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adapation web: Eric Butticaz

Publié Modifié

L'intelligence artificielle va faire évoluer l'emploi

La numérisation et l'irruption de l'intelligence artificielle vont-elles faire diminuer le nombre d'emplois? "Pas forcément moins d'emplois", nuance Christel Rendu de Lint, mais "d'autres emplois! On l'a vu dans tous les cycles économiques, à chaque nouvelle invention, on s'est dit qu'on allait perdre la croissance et les emplois."

Et d'admettre qu'il y aura sans doute une "phase de transition probablement difficile, dans laquelle nous ne sommes pas. On parle partout d'intelligence artificielle, mais elle n'est pas encore utilisée dans les entreprises au sens large. Il y aura une phase de transition qui doit être naviguée au mieux, mais que ce soit source de croissance et de plus d'emplois à terme, j'en ai la conviction."