Modifié

Les finances publiques françaises sont "inquiétantes" et les objectifs "peu réalistes", selon un rapport

Des billets de banque. [Keystone - DPA/Boris Roessler]
Les finances publiques françaises sont dans "une situation inquiétante" après l'année 2023, avertit la Cour des comptes / Le 12h30 / 1 min. / le 15 juillet 2024
Les finances publiques françaises sont dans une "situation inquiétante" après une année 2023 "très mauvaise". La Cour des comptes a dénoncé lundi une politique économique qui repose sur des "objectifs peu réalistes" et qui n'intègre "pas pleinement" les enjeux climatiques et énergétiques.

Plusieurs évènements ont plombé les finances publiques l'année dernière, relève la Cour des comptes, comme la crise des agriculteurs ou l'organisation des Jeux olympiques. En 2023, le déficit s'est établi à 5,5% au lieu de 4,9% anticipés. Et les solutions proposées par le gouvernement macroniste reposent, selon elle, sur des hypothèses de croissance "trop optimistes" et des économies "sans précédent".

Le gouvernement prévoit des coupes budgétaires de 25 milliards d'euros en 2024, auxquelles s'ajouteront 50 milliards d'économies entre 2025 et 2027, qui ne sont "pas étayées à ce stade, ainsi que des hausses importantes d'impôts "qui ne sont pas précisées". Des objectifs jugés trop flous, peu réalistes et incohérents.

"Soit on privilégie la croissance, soit on met le paquet sur la réduction des dépenses, qui impacte négativement la croissance. Il y a des choix à faire", a fustigé lundi le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici sur France Inter.

Le budget de la dette au-dessus de l'éducation

Les prévisions à moyen terme du gouvernement du président Emmanuel Macron, présentées à l'Union européenne en avril, visent un déficit public en dessous de 3% du PIB annuel en 2027. L'endettement s'établirait à 112% du PIB annuel en 2027, soit plus qu'en 2023 (109,9% selon l'Insee). Une trajectoire "peu ambitieuse", écrit la Cour des comptes.

La juridiction financière s'inquiète aussi du poids que prendra le remboursement de la dette dans les prochains budgets de l'Etat français. Selon les prévisions du gouvernement, la charge de son remboursement pourrait dépasser en 2027 le budget de l'Education nationale.

Pierre Moscovici a ainsi "lancé un appel": quelle que soit la composition du prochain gouvernement, il devra absolument réduire cette dette. "Nous paierons 80 milliards d'euros pour rembourser la dette en 2027, ça veut dire qu'il n'y a plus de marge de manœuvre pour le reste, pour l'éducation, la justice, la sécurité et financer la transition écologique."

Il s'est toutefois prononcé contre de vastes mesures d'économie: "Je ne crois pas à l'austérité, je n'y ai jamais cru. Je sais qu'elle appauvrit, elle dessèche et elle crée des révoltes qui se traduisent par certains votes", a-t-il dit.

La charge de la transition climatique pas prise en compte

Par ailleurs, l'actuel gouvernement n'a pas intégré "pleinement" les enjeux liés au réchauffement climatique. Que ce soit en matière de croissance, d'investissements ou d'érosion de la fiscalité, cette transition a un coût qui pèsera nécessairement sur les finances publiques", relève encore l'instance de contrôle budgétaire.

"La transition écologique n'est pas un défi, un problème ou une crise. C'est quelque chose avec quoi nous allons vivre pendant 100 ans", a commenté Pierre Moscovici. "Donc on ne peut pas faire l'impasse: il faut investir. [...] C'est vital."

jop avec ats

Publié Modifié