Depuis des siècles, les monastères produisent des denrées et les vendent. Mais depuis quelques années, cette économie connaît une croissance étonnante. Pour Isabelle Jonveaux, responsable de l’Institut de sociologie pastorale à Lausanne, cela s’explique par le fait que ces articles s’inscrivent dans une tendance actuelle.
"Ce sont des produits qui essaient de respecter la nature et des recettes traditionnelles, les gens vont donc avoir confiance", explique-t-elle lundi dans l'émission Basik. Cette confiance a des répercussions financières.
S'il n'existe pas en Suisse de chiffres permettant d’évaluer la taille du secteur, on estime qu'en France les marchés monastiques génèrent l'équivalent de 75 millions de francs chaque année.
Assortiment varié
Chaque année à Saint-Maurice (VS) a lieu le plus grand marché monastique de Suisse. Vingt-cinq communautés viennent y présenter leurs produits. Et les clients sont au rendez-vous, à tel point que certaines communautés n’hésitent pas à faire des centaines de kilomètres. "Cela représente sept heures de voyage jusqu’à Saint-Maurice, mais ça en vaut la peine. Les gens achètent", témoigne un frère de l’Abbaye de Tournay, près de Lourdes, en France.
Certaines communautés n’ont pas besoin de se déplacer jusqu’à Saint-Maurice car le monde vient à eux. Le monastère d’Einsiedeln (SZ) attire un million de visiteurs et visiteuses chaque année venant admirer la célèbre église abbatiale, joyau de l’art baroque.
Le magasin du monastère doit répondre à cet afflux. Sur 240 m2, l’espace propose 3000 articles. Crucifix, chapelets ou bibles côtoient des bougies, des porte-clés "Einsiedeln" ou des cartes postales de l’église, comme dans n’importe quel magasin de souvenirs. Sans oublier le vin et les liqueurs de l'abbaye.
Cette diversité dans l'assortiment du magasin s'explique par sa clientèle extrêmement variée, indique la gérante du lieu, Véronique Breiner. "Nous avons évidemment des gens qui viennent voir le monastère, qui font des pèlerinages, mais cette clientèle se réduit d'année en année", dit-elle. "Par contre, ce que nous avons de plus en plus, ce sont des touristes, des gens qui viennent pour une journée."
Des rentrées financières conséquentes
Le magasin assure des rentrées financières importantes au monastère, même si l’institution ne donne pas de chiffres. Trois personnes y travaillent à temps complet, parmi les 130 laïcs engagés par le monastère d’Einsiedeln.
Sans elles, le magasin, mais aussi les cuisines, l’hôtel ou l’école du monastère ne pourraient pas tourner. En effet, le monastère ne compte plus que 39 moines (contre 200 originellement). Ces derniers n'ont pas le temps de tout gérer, d’autant que plusieurs d'entre eux sont très âgés. Et comme pour tous les moines et moniales, leur mission première reste la prière.
Gabriel Tejedor/edel