Au Café-restaurant Green Gorilla, situé à Lausanne, au moment de régler l'addition, le lecteur de carte suggère diverses options de pourboire: un, trois ou cinq francs, ou encore un montant à choix. Toutefois, la possibilité de décliner poliment avec un "Non merci" est également proposée.
La gérante, Zoé Ollivier, a introduit ce système il y a deux mois. "C'est l’installateur de l'appareil qui m'a proposé d'ajouter cette fonctionnalité. Au départ, j'étais réticente, je la trouvais trop intrusive. Cependant, il m'a assuré que ce système pourrait booster les pourboires et que les clients trouvaient cela généralement gratifiant. J'ai donc décidé de tenter l’expérience", explique-t-elle mardi dans La Matinale.
Jusqu'à présent, certains de ses clients avaient tendance à laisser une pièce. Mais, au total, cela ne représentait pas une somme importante, soit environ quarante francs par mois pour trois personnes. Avec le nouveau système, désormais chacun touche cent cinquante francs. "C'est vraiment dingue", s'exclame la gérante.
Réaction positive de la clientèle
Bien que cette pratique puisse être interprétée comme une forme de pression sur les clients, il apparaît que ces derniers réagissent de manière plutôt positive. "Avec l'option ‘non merci’, je ne me suis pas sentie obligée", déclare une cliente.
"J'ai directement cliqué sur 'non merci', sans prendre le temps de réfléchir. Cependant, je trouve assez agréable l'idée de pouvoir laisser directement un pourboire pour le service", ajoute-t-elle
"C'est intéressant, notamment pour les employés. Cela leur donne l'opportunité d'obtenir un extra, ce qui peut être facilement oublié lorsqu'on paie par carte", souligne un autre.
Les dangers de l'exagération
Selon Marcel Stadelmann, économiste comportemental à la Haute école zurichoise des sciences appliquées, cette pratique est effectivement une manière d'inciter les clients à laisser un pourboire, voire à les pousser à donner un montant plus généreux que ce qu'ils auraient initialement souhaité: "La recherche en économie comportementale a montré que si les pourcentages sont fixés astucieusement, cela peut avoir une influence. On choisit souvent l'option intermédiaire, ou, si l'on est très satisfait, la plus élevée".
Cependant, il souligne qu'en cas d'exagération, à un moment donné les pourboires risquent globalement de diminuer, "parce que de plus en plus de gens n'en donneront plus", dit-il.
Quant à l'organisation faîtière GastroSuisse, elle ne donne aucune recommandation à ses membres, laissant les établissements libres de choisir leur propre système.
Sujet radio: Jean-Philippe Rutz
Adaptation web: Miroslav Mares