Les rémunérations des responsables de plusieurs caisses maladie ont bondi ces dernières années
Les rémunérations des grands patrons ont défrayé la chronique ce printemps, à commencer par celle de Sergio Ermotti, le directeur général d'UBS, qui a touché 14 millions en 9 mois. Mais la presse alémanique a dévoilé que les patrons des caisses maladie en Suisse gagnent également de très hauts salaires.
>> Sur le sujet : Le directeur d'UBS Sergio Ermotti a perçu 14,4 millions pour neuf mois en 2023
Alors qu'il touchait déjà un demi-million en 2016, le patron du groupe Mutuel Thomas Boyer a gagné 780'000 francs en 2022, soit une augmentation de plus de 50% en l'espace de quelques années.
Chez Sanitas, la rémunération du CEO Andreas Schönenberger est passée de 660'000 francs à près d'un million l'an dernier, un record absolu en comparaison avec d'autres responsables de caisses maladie, selon le Sonntagsblick, qui publie ces chiffres.
Ces montants sont rendus publics depuis 2016, lorsque les caisses ont été tenues de publier les rémunérations du conseil d'administration et de la direction.
La mesure du salaire
Pour comprendre comment le salaire d'un grand patron se calcule, Dusan Isakov, professeur de finance et de gouvernance d'entreprises à l’Université de Fribourg, détaille plusieurs facteurs explicatifs.
"La taille du salaire s'explique surtout par la taille d'une entreprise, mais également la complexité des activités à gérer", explique le professeur. Par taille de l'entreprise, il entend l'ampleur de sa capitalisation boursière . "L'exposition internationale est également un facteur qui explique le salaire", ajoute-t-il.
Ces critères ne s'appliquent toutefois pas aux assureurs qui opèrent uniquement sur le marché suisse, qui ne sont pas cotés en bourse et dont la clientèle est en quelque sorte captive.
Comprendre l'explosion des rémunérations
Dans un article du Journal du Dimanche paru en 2023, Frédéric Fréry, chercheur et enseignant dans le domaine de la stratégie d'entreprise, explique l'explosion des salaires des patrons par la conjonction de deux effets.
D'une part, il y aurait une "consanguinité" des conseils d'administration, souvent composés de plusieurs dirigeants aux salaires élevés et aux intérêts partagés. Le chercheur explique ainsi qu'il y a "une forme de connivence plus ou moins affichée entre les dirigeants et ceux qui évaluent leurs actions et décident de leurs rémunérations".
D'autre part, le fait de rendre public des salaires provoquerait leur augmentation, car "elle devient une mesure de la valeur des dirigeants et donc un enjeu", détaille Frédéric Fréry. Ainsi, le niveau de rémunération devient un indicateur de compétence et de qualité patronale.
Sujet radio: Sylvie Belzer
Adaptation web: Raphaël Dubois