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Les Suisses continuent de payer plus cher pour des biens numériques malgré l'interdiction du géoblocage

Une liseuse comprenant un livre numérique est visible sur des livres dans un appartement lors de la crise du Coronavirus (Covid-19), le jeudi 2 avril 2020 à Lausanne. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Le surveillant des prix Stefan Meierhans dénonce le géoblocage lors de l'achat de livres numériques depuis la Suisse / La Matinale / 1 min. / vendredi à 06:18
Sur un site suisse, on débourse souvent une plus grosse somme pour acheter un bien numérique - livre, magazine, jeu vidéo - que sur des plateformes étrangères. Or, la pratique du géoblocage, qui consiste notamment à rediriger le consommateur sur un site affichant des prix en francs suisses, est interdite depuis 2022, rappelle Monsieur Prix.

Lorsque vous achetez votre livre numérique sur la plateforme de vente en ligne Kobo, de Rakunten, il vous coûtera plus cher depuis la Suisse que si vous passiez commande depuis la France. Pour être précis, 40% de plus si vous glissez dans votre panier le dernier livre de Joël Dicker. Sur sol helvétique, le prix monte à 23 francs, contre 16,99 euros si on utilise la version française du site.

Cela se complique si le commerçant utilise le blocage géographique (ou géoblocage). La pratique consiste à garder l'internaute suisse captif sur la version ".ch" d’un site marchand ou de l’y envoyer automatiquement , ce qui l'empêche de bénéficier de prix plus attractifs en commandant à l’étranger. 

Pourtant, la pratique est interdite en Suisse depuis janvier 2022. Stefan Meierhans, le Surveillant des prix de la Confédération, reçoit pourtant régulièrement des plaintes de consommateurs concernant ce type d'écarts de prix. Et selon lui, ils sont totalement injustifiés dans le cas de biens numériques.

ll n'y a pas de justification (qui explique) le prix plus élevé en Suisse, sauf si on veut profiter du pouvoir d'achat des Suisses

Stefan Meierhans, Monsieur Prix

Il n'y a aucune "justification de prix plus élevé en Suisse, sauf si on veut profiter du pouvoir d'achat des Suisses", estime-t-il. Et "on ne saurait véritablement invoquer, comme c'est souvent le cas par ailleurs, les coûts plus élevés de location des magasins, des salaires et de la logistique", étant donné que ces charges ne s'appliquent pas à un bien dématérialisé, écrit encore le Surveillant des Prix.

Ce dernier se réserve le droit d'intervenir auprès de fournisseurs s'il soupçonne que le géoblocage vise à cloisonner le marché suisse et à imposer des prix plus élevés. Il encourage également le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) ou une association de défense des consommateurs à porter plainte devant un tribunal en cas d'abus.

L'interdiction du géoblocage en Suisse ne s'applique pas aux services de streaming de films ou d'événements sportifs.

>> Voir le sujet de ABE : La Suisse, un îlot de cherté même pour les achats en ligne

Sujet radio: Loïc Delacour

Adaptation web: doe

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