Les taxes actuelles sur la pollution des ménages sont antisociales, selon une étude
Les 10% les plus riches produisent 18 tonnes d'équivalents CO2 par année en moyenne, soit presque quatre fois plus que les 10% les plus pauvres. Cet écart dans l’empreinte climatique est surtout lié à la consommation — plus intensive chez les hauts revenus — et au trafic, les hauts revenus prenant plus l’avion et la voiture que les bas revenus.
L’écart est par contre moins important sur le chauffage du logement. Les revenus les plus pauvres, souvent locataires, ne peuvent en outre pas choisir comment chauffer leur logement pour faire des économies.
Selon les auteurs de l’étude, la politique climatique actuelle de la Suisse n’est ainsi pas idéale ni pour le climat ni socialement, puisqu’elle prélève des taxes d’incitation sur le chauffage fossile et pas sur les carburants, dont la consommation varie davantage en fonction du revenu.
Taxer davantage l'avion
Philippe Thalmann, professeur d'économie de l'environnement à l'EPFL, explique mardi dans La Matinale que taxer les voyages en avion serait une mesure bien plus équitable. "C'est la cible numéro un si on veut à la fois encourager à moins émettre de CO2 par une taxe sur les carburants et frapper les ménages qui émettent le plus, parce que c'est à travers leurs déplacements en avion qu'ils ont une grande empreinte carbone."
"Cela dit, c'est une proposition qui a été faite dans le cadre de la révision de la loi CO2 il y a trois ans et qui a été rejetée. Je ne sais pas si une taxe sur les billets d'avion aurait des chances de passer si elle était proposée en dehors du cadre d'une grande révision. En tout cas, ce serait un instrument qui cible principalement les ménages à revenus élevés."
Les ménages plus pauvres sont touchés de manière disproportionnée par des politiques climatiques qui taxent les besoins fondamentaux
Aline Masé, responsable du Service Politique sociale de Caritas Suisse, rappelle de son côté que "la consommation des 20% des ménages les plus pauvres qui est déterminante pour les émissions se compose uniquement de quatre catégories: la nourriture, le chauffage du logement, la mobilité et les appareils électroniques."
Elle met en garde: "Ce sont tous des besoins absolument fondamentaux. Ce qui signifie aussi que les ménages plus pauvres seront touchés de manière disproportionnée par des politiques climatiques qui vont taxer ces consommations."
Alexandra Richard/asch