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Revente d’articles de marque: un marché lucratif qui attire passionnés et entrepreneurs

Les as de la revente
Les as de la revente / basik / 26 min. / hier à 20:15
Chaussures, sacs et autres objets de marque, souvent en édition limitée... Grâce aux apps et réseaux sociaux, la revente est devenue une solution pour arrondir ses fins de mois ou bâtir un véritable business. L'émission Basik est allée à la découverte de cet étonnant marché.

En Suisse, le marché de la revente est dominé par Topdeck, une boutique spécialisée dans la basket installée à Montreux depuis 2018. On y trouve uniquement des modèles neufs qui ne sont plus sur le marché ou qui sont en édition limitée et qui proviennent en majorité des Etats-Unis. "Bienvenue dans la caverne d'Ali Baba! ici, on stocke entre 12 et 18'000 paires", annonce Yann Pauchon, gérant de Topdeck, lundi dans Basik.

"Beaucoup achètent ces modèles comme des investissements", explique-t-il, soulignant que les paires neuves se revendent bien mieux. Avec des prix atteignant parfois 35'000 francs, comme pour une PlayStation signée Nike, la rareté et la demande fixent les tarifs.

>> Pour en savoir plus sur la revente de sneakers, regarder l'émission A Bon Entendeur sur le sujet :

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Ralentissement du marché

Cependant, le marché montre des signes de ralentissement, notamment depuis la pandémie, qui a réduit le pouvoir d'achat des amateurs.

Ce ralentissement se joue à l'échelle mondiale. L'an passé, deux grands magasins en ligne, Kikikickz et Restocks, ont fait faillite. Et le site spécialisé Stockx, coté à près de quatre milliards en 2021, a lui renoncé à entrer en Bourse.

Malgré ce contexte, la revente d'articles de marque, notamment sur le web, reste une tendance de fond. En Europe, le leader incontournable de la revente est le site Vinted.

Créée en 2008 en Lituanie, cette application communautaire compte aujourd'hui 65 millions de membres dans 22 pays dont la France, l'Italie ou l'Allemagne, mais pas la Suisse. Si Vinted n'est pas accessible depuis chez nous, il existe toutefois des alternatives locales.

Alternatives suisses

C'est le cas notamment de Teorem, créée par Charlotte Henry, une Lausannoise passionnée de mode. "Notre application est surtout basée sur un système communautaire. L'objectif est que les gens se rencontrent, échangent, discutent. Il n'y a pas de commande automatique et c'est vraiment ce qui nous plaît: que vous puissiez rencontrer des gens qui ont les mêmes passions que vous, notamment pour la seconde main", développe l'entrepreneure.

Quatre ans après son lancement, Teorem compte 30'000 utilisateurs en Suisse. Et contrairement à ses concurrents, comme Ricardo qui prend 12% de frais, la plateforme ne prend pas de commission sur les ventes. "On a mis une formule d'abonnement à sept francs par mois, ce qui nous permet de faire de la publicité, d'organiser des choses et de promouvoir l'application. Et ça permet au vendeur de poster ses articles en illimité", détaille Charlotte Henry.

Mais cette jeune femme non plus ne vit pas de son application. Teorem n'est pas encore rentable, mais elle s'autofinance grâce aux abonnements et à certaines collaborations comme, par exemple, des vide-dressings romands. Ces rendez-vous sont accessibles à tous ceux qui contribuent au boom du business de la revente.

Les sacs de luxe, autres stars de la revente

À Vevey, Chloé Jacot-Descombes est une spécialiste de la marque Louis Vuitton. La Vaudoise est passée à la revente sur les réseaux sociaux et possède son propre magasin depuis décembre 2023. "J'adorais déjà les vêtements vintages. Je les achetais dans des brocantes et les revendais. Puis, au fur et à mesure, j'ai vu que plus mon business prenait de l'ampleur, plus je réduisais mon pourcentage de travail."

L'an passé, le secteur de la revente de biens de luxe a généré 43 milliards de francs, soit 3% du marché global des biens de luxe. Pour Chloé Jacot-Descombes, cet engouement est une aubaine, au point que sa passion est devenue un travail à temps plein. Dans sa boutique, le 80% des sacs est déniché par elle-même. Pour le reste, ce sont des modèles que lui apportent ses clients. Ses prix oscillent entre 400 et 2000 francs, mais ce qui a forgé sa réputation, c'est son expertise. "On voit assez rapidement si ce sont des faux. Je regarde toujours qu'il y ait un numéro de série et le 'Louis Vuitton Paris'".

Business pour certains particuliers, concept à succès pour les entrepreneurs, la revente est surtout du pain béni pour les marques qui sortent des collections en édition limitée. Grâce à leur visibilité et leurs communautés, les revendeurs vont perdurer dans le monde de la consommation.

Lea Huszno

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