"Ça ne peut plus durer", "inacceptable", "inadmissible": les responsables de Travail.Suisse et de ses fédérations n'ont pas mâché leurs mots devant la presse lundi à Berne pour souligner le besoin de rattrapage des salariés helvétiques. Pour la faîtière du personnel salarié, le pays traverse "une crise historique" du pouvoir d'achat. Les salariés sont confrontés au renchérissement, mais aussi à une augmentation constante du coût de la vie, notamment des primes d'assurance maladie et du coût des logements.
"Il est urgent de rattraper le retard en matière de salaires", a lancé Thomas Bauer, responsable de la politique économique à Travail.Suisse, car la hausse du coût de la vie est nettement supérieure à l'inflation. Selon lui, les salaires réels ont ainsi chuté de plus de 3%, alors que l'économie a connu une croissance réelle de plus de 7% depuis 2021.
La hausse de la productivité pas répercutée
Pour la présidente du syndicat Syna Yvonne Ferri, "les travailleurs triment toujours aussi dur", mais ils sont "les grands laissés-pour-compte de la reprise après la pandémie, puisqu'ils se sont considérablement appauvris, malgré une nette augmentation de la productivité. Et l'écart entre la productivité et le pouvoir d'achat ne cesse de se creuser", ajoute la conseillère nationale socialiste argovienne.
Dans ce contexte, Syna réclame une hausse des salaires de 2 à 4% selon les branches. Le syndicat demande non seulement une compensation du renchérissement, mais aussi des augmentations substantielles des salaires réels.
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Du côté du service public, transfair réclame la pleine compensation du renchérissement pour 2025 et la compensation rétroactive du renchérissement accumulé des années précédentes, soit une hausse s'étalant entre 2,5 et 4%. Les salaires aux CFF et chez Swisscom ont pu être partiellement maintenus pour 2024, reconnaît la conseillère nationale Greta Gysin (PS/TI), présidente du syndicat des services publics. En revanche, la perte du pouvoir d'achat s'est aggravée pour une partie du personnel de la Poste et surtout de l'administration fédérale.
Enfin, dans l'hôtellerie-restauration, les négociations ont échoué au printemps dernier, rappelle Roger Lang, responsable de la politique sociale à Hotel&Gastro Union. "Face à l'attitude intransigeante des associations patronales", les syndicats ont saisi le tribunal arbitral, a-t-il ajouté.
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"Les employeurs ont une marge de manœuvre"
Pour Thomas Bauer, les employeurs ont une marge de manœuvre pour augmenter les salaires. La productivité a augmenté de 2,3% entre 2020 et 2023, et ces gains n'ont pas été partagés avec les salariés. Et de rappeler que les entreprises avaient répercuté les gains de productivité dans les années 2010, durant la période qui a suivi la crise financière.
Pour Thomas Bauer, d'autres conditions sont "très favorables" à des augmentations de salaires: l'économie se trouve au début d'une nouvelle reprise conjoncturelle et la pression sur les prix - en particulier les prix à l'importation - a diminué. Une hausse de salaire jusqu'à 4% est donc non seulement possible, mais également "importante et méritée" pour les travailleurs, affirme le responsable de la politique économique à Travail.Suisse.
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ats/vic