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UBS continue son nettoyage des casseroles de Credit Suisse 

UBS met 1 milliard pour régler l’affaire Greensill de Credit Suisse. [RTS]
UBS met 1 milliard pour régler l’affaire Greensill de Credit Suisse / Forum / 2 min. / le 17 juin 2024
UBS poursuit son nettoyage des casseroles de Credit Suisse. Cette fois, il s'agit du scandale Greensill, une société qui avait fait faillite en 2021, et avec laquelle la banque proposait des fonds de placement. Au total, les clients y avaient placé près de 10 milliards de dollars. UBS annonce aujourd'hui vouloir rembourser les investisseurs à hauteur de 90%.

L'affaire Greensill est particulière, car il s'agit de l'un des deux gros scandales de 2021, avant le fiasco Archegos, quand la banque avait perdu plus de 5 milliards de dollars. Ces deux affaires, qui sont intervenues à quelques semaines d'intervalle, ont joué un rôle clé dans la débâcle de Credit Suisse, tant elles ont mis à mal la crédibilité de la banque.

>> Relire à ce sujet : Les casseroles de Credit Suisse qui en font une proie facile

Dans les deux cas, elles ont montré à quel point la gestion des risques était défaillante. Même en ayant essayé, la banque ne s’est jamais vraiment relevée après ces deux affaires.

10 milliards de dollars à éponger

UBS doit maintenant éponger les 10 milliards de dollars qui ont été investis. Le numéro un bancaire suisse devrait en être capable, tout d'abord parce qu'une grande partie des fonds ont déjà été récupérés après le gel des fonds et rendus aux investisseurs. On parle de 7 milliards sur les 10 au total. UBS propose maintenant de faire table rase en rendant 90% de la valeur des fonds aux investisseurs.

La deuxième raison est qu'UBS dispose des fonds: elle-même va provisionner presque un milliard. Cela signifie qu'elle pense qu'une partie pourra être récupérée, mais pas tout. Cela ne devrait toutefois pas avoir d'impact sur ses résultats et sa santé financière puisqu'elle avait mis des fonds de côté - des provisions - au moment du rachat, précisément pour faire face à d'éventuels fantômes dans les placards de Credit Suisse.

Une différence de stratégies

De quoi illustrer la différence de stratégies entre les deux banques: UBS a toujours, ou presque, eu comme principe de payer et passer à autre chose. Tandis que Credit Suisse a toujours contesté, ferraillé avec les autorités ou en justice, ce qui a rarement été à son avantage.

Du côté des investisseurs lésés, l'heure n'est pas forcément à la satisfaction. La prudence reste de mise, en attendant d'avoir examiné les détails de la proposition.

Mathilde Farine/kkub

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L'affaire Greensill, rappel des faits

Ces fonds qu’on a appelé Greensill - parce qu'ils investissaient dans des produits de cette entreprise britannique - géraient 10 milliards de dollars. Credit Suisse présentait ce fonds comme très sûr, diversifié et couvert par des assurances.

L'activité de Greensill était de payer les factures d’entreprises à leurs fournisseurs, soit une façon de leur prêter de l'argent en dehors du système bancaire. Les entreprises devaient ensuite la rembourser. Greensill en faisait ensuite des titres de dette, placés dans les fonds Credit Suisse.

Cette technique est assez répandue, mais le problème est que la société avait beaucoup prêté à un seul entrepreneur, Rajeev Gupta, spécialisé dans l'acier, qui rachetait des sociétés à tour de bras avec une stratégie discutable.

Credit Suisse s'est rendu compte tardivement que l'assurance supposée couvrir d'éventuelles pertes ne voulait plus le faire, parce qu'elle estimait qu'on lui avait caché des informations essentielles. Quand Credit Suisse s’en est aperçue, elle a gelé ces fonds, précipitant Greensill, puis Sanjeev Gupta, vers la faillite.