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Une entreprise suisse sur trois verserait des pots-de-vin à l’étranger

Une entreprise suisse sur trois verserait des pots-de-vin à l’étranger (image d'illustration). [AFP - Frederic Scheiber/Hans Lucas]
Une entreprise suisse sur trois verserait des pots-de-vin à l’étranger / La Matinale / 1 min. / le 28 février 2024
Un tiers des entreprises suisses verseraient des pots-de-vin à l'étranger, selon une enquête menée par la HES des Grisons et Transparency International Suisse auprès de 539 entreprises helvétiques.

Cinquante-deux pour cent d'entreprises helvétiques seraient confrontées à des demandes de dessous-de-table dans le cadre de leurs activités commerciales à l'étranger. Et parmi elles, 63% reconnaissent s'exécuter, ce qui fait environ 32% du total des entreprises sondées. Ces actes de corruption n'auraient pas diminué en dix ans et seraient même en hausse, selon l'étude.

Comment expliquer de tels chiffres? Pour Martin Hilti, le directeur de Transparency International Suisse, l'insuffisance des mesures anti-corruption internes sont en cause: "D'après notre sondage, un quart des entreprises n'ont pas de directives de comportement. La moitié n'ont pas de bureau de dénonciation indépendant. Et l'une des raisons de ces chiffres hauts semble être que les entreprises suisses ont aussi des lacunes dans la mise en œuvre des mesures. Pour un tiers d'entre elles, la direction ne s'engage pas dans la tolérance zéro en matière de corruption. Et la moitié ne font pas de formation régulière des collaborateurs", détaille-t-il.

Entreprises géantes et PME

Ces actes ne concernent pas uniquement les très grandes entreprises, mais aussi les PME, et ce dans toutes les branches économiques, industrie et services en tête. En moyenne, les entreprises y consacrent 5,6% du chiffre d'affaires réalisé dans le pays concerné. Les entreprises avec des sites de production, des joint-ventures ou des participations au capital sont davantage enclines à payer.

A relever que presque une entreprise sur sept sondées a renoncé à entrer sur un marché en raison du risque de corruption: les pays concernés sont en priorité la Russie, l'Iran, la Biélorussie et l'Ukraine. Pour cette même raison, 12% des répondants ont quitté un marché au cours des cinq dernières années: sont cités en premier lieu la Russie, l'Iran, l'Azerbaïdjan, l'Angola et la Chine.

Nécessaire d'agir

Pour Martin Hilti, il est donc nécessaire d'agir rapidement: "Le législateur devrait améliorer la protection légale des lanceurs d'alerte. Il est donc très regrettable que le Conseil national vienne de décider de ne pas faire cela. Et les entreprises devraient améliorer la mise en œuvre des mesures", déclare-t-il dans La Matinale de la RTS.

La proportion des entreprises qui recourent aux pots-de-vin interpelle la Chambre de commerce à Genève qui, par la voix de son directeur, estime que la corruption n'a pas sa place dans les affaires commerciales.

Peu de procès

Jusqu'au tournant des années 2000, les "bakchich" n'avaient que peu de conséquences pour les entreprises basées en Suisse: ils étaient même jugés nécessaires pour certains marchés étrangers et pouvaient être déduits des impôts. Mais le paradigme et le cadre légal ont changé au cours des 20 dernières années.

En conséquence, des stratégies de prévention ont été mises en place, comme la documentation par écrit de toutes les transactions commerciales. Les entreprises peuvent aussi recourir à des mesures disciplinaires ou juridiques ou à l'obligation contractuelle des tiers.

Les poursuites pénales à l'encontre d'entreprises fautives sont rares: en 20 ans, seules 11 entreprises suisses ont été condamnées par un jugement définitif pour n'avoir pas su éviter de graves délits.

Sujet radio Sylvie Belzer

Adaption web: ami/juma avec ats

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