En ce 1er mai, les revendications autour des salaires des travailleurs restent le nerf de la guerre pour les syndicats. Mais l'édition 2024 de la Fête du Travail, 134e du nom dans notre pays, a une saveur particulière, celle de la victoire obtenue dans les urnes le 3 mars dernier, avec l'acceptation de l'initiative pour une 13e rente AVS. Un succès historique que la gauche et les syndicats espèrent réitérer le 9 juin prochain avec l'initiative sur la limitation des primes-maladie.
Mais pour parvenir à ces victoires, il faut sans cesse se mobiliser, relève Vania Alleva. Un sens du combat que la présidente d'UNIA, la plus grande force syndicale suisse, a acquis pendant ses études universitaires en linguistique et histoire de l’art à Rome, comme elle le raconte au micro de La Matinale. "A l'époque, j'ai mené un combat contre les financements privés des universités et pour l'indépendance de la recherche."
La plupart des personnes n'ont pas obtenu une compensation du renchérissement, tandis que les salaires les plus hauts, ceux des top managers, ont augmenté
Selon elle, les campus sont des lieux de socialisation et de politisation où l'on trouve une énergie particulière. Et c'est cette énergie qui l'anime encore aujourd'hui dans tous ses combats, et notamment celui pour la 13e rente AVS.
Hausse des salaires au-delà du renchérissement dans le viseur
Mais le combat continue avec en ligne de mire une hausse des salaires au-delà du renchérissement. Une augmentation que la présidente d'UNIA espère à plus de 5%. "C'est important, car les salaires réels baissent. On a trois ans de perte de salaire réel, et ça ne s’était pas passé depuis la Deuxième Guerre mondiale", souligne-t-elle.
On a une société de plus en plus individualiste. Les combats collectifs sont donc plus compliqués à faire passer
"La plupart des personnes n'ont pas obtenu une compensation du renchérissement, tandis que les salaires les plus hauts, ceux des top managers, ont augmenté. L’argent est là, on le voit bien." Selon elle, il est primordial que les salariés qui ont travaillé et gagné en productivité soient récompensés. Surtout qu'ils ont moins d'argent dans la poche en raison notamment de l'augmentation des primes et des loyers, déplore-t-elle.
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Demander une hausse des salaires, est-ce une manière de s'excuser auprès des actifs qui seront probablement ponctionnés pour financer la 13e rente AVS? Vania Alleva répond que non: "On l'a dit tout au long de la campagne, cette 13e rentre AVS est tout à fait finançable", et ne sera pas trop lourde à supporter, car "son financement s'accompagnera d'une réduction des primes d'accident par exemple".
Réforme du 2e pilier problématique
Pour elle, le vrai problème réside ailleurs, notamment dans la réforme du 2e pilier soutenue par les partis bourgeois et les patrons, et sur laquelle nous voterons en septembre. Une réforme qui entraînera des baisses de rentes, alerte-t-elle.
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Concernant l'affaiblissement et la perte de vitesse des syndicats observés ces dernières années, Vania Alleva reste optimiste. Certes, UNIA a perdu 25'000 membres depuis 2015, mais cette situation s'explique notamment par le contexte général.
"On a une société de plus en plus individualiste. Les combats collectifs sont donc plus compliqués à faire passer." Quoi qu'il en soit, UNIA est aujourd'hui en croissance dans les branches du tertiaire, "qui sont connues pour être des déserts syndicaux". "Et l’an dernier, nous sommes parvenus à nous stabiliser, avant de repartir cette année dans une dynamique positive de recrutement", conclut-elle.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Fabien Grenon