Volkswagen prépare des suppressions d'emplois massives en Allemagne, selon les représentants des salariés
"Le directoire veut fermer au moins trois usines VW en Allemagne. Il a également l'intention de réduire la taille de toutes les usines restantes dans le pays", a déclaré dans un communiqué la présidente du comité d'entreprise (CE), Daniela Cavallo, en dévoilant les informations qui lui ont été transmises par la direction.
Le CE dispose d'un pouvoir de cogestion sur la stratégie de l'entreprise.
La direction n'a pas réagi dans l'immédiat, appelant seulement par la voix d'un porte-parole les partenaires sociaux à mener des discussions "confidentielles" et "en interne".
Selon un article du quotidien économique Handelsblatt, le groupe entend au total économiser 4 milliards d'euros. "Le prochain rendez-vous pour les discussions salariales est fixé mercredi et c'est un fait que Volkswagen se trouve à un moment charnière de son histoire, la situation est grave et la responsabilité des partenaires sociaux est énorme", écrit-il.
Mise en garde du chancelier
A Berlin, le chancelier Olaf Scholz, via l'un de ses porte-parole, a mis en garde contre une vague de licenciements.
Le gouvernement veut attendre que la direction de VW se prononce, mais "la position du chancelier est claire, à savoir que les salariés ne doivent pas subir l'impact d'éventuelles mauvaises décisions prises par le management (de Volkswagen) dans le passé et que la priorité doit être à présent de préserver les emplois", a dit Wolfgang Büchner.
La présidente du comité d'entreprise du constructeur s'est insurgée face à la "ferme intention" de Volkswagen "de saigner à blanc les sites industriels" du groupe dans le pays et de provoquer un "chômage de masse" au sein de la marque VW, qui emploie 120'000 salariés en Allemagne.
Réduction salariale
Le plan prévoit également, selon elle, la réduction de 10% de tous les salaires et leur gel en 2025 et 2026, ce qu'affirme aussi lundi le quotidien Handelsblatt. Le communiqué parle aussi de transferts à l'étranger de nombreuses activités et départements du groupe actuellement basés en Allemagne.
La direction du géant automobile avait provoqué une onde de choc début septembre en annonçant son projet de restructuration en Allemagne, abrogeant dans la foulée l'accord sur la garantie de l'emploi en vigueur depuis trente ans pour les salariés allemands.
Vers la fermeture de sites en Allemagne
Pour la première fois dans les 87 ans d'histoire du groupe, la direction avait menacé de fermer des sites de production en Allemagne même.
Le CE s'était engagé à combattre ces plans. Les pouvoirs publics allemands, via l'Etat régional de Basse-Saxe, où VW a son siège, sont aussi actionnaire et ont leur mot à dire.
ats/ami
Un contexte économique difficile
Les plans en préparation de Volkswagen surviennent alors que l'économie allemande bat de l'aile avec récession et remontée du chômage.
La marque VW subit la baisse de la demande dans plusieurs régions du monde, notamment en Chine, son marché principal, ainsi que le recul de l'électrique dont les ventes patinent depuis des mois.
Négociations avec le syndicat et des grèves possibles
VW va entamer mercredi le deuxième round de négociation sur un nouvel accord collectif "maison" avec le syndicat de branche IG Metall. Le syndicat réclame une augmentation de salaire de 7% et une meilleure rémunération pour les apprentis, des revendications qui restent très éloignées des vues de la direction.
Des grèves sont possibles chez le premier employeur industriel d'Allemagne après la période de dialogue social obligatoire, soit à partir de décembre.