Podcast – Débâcle de Credit Suisse: à qui la faute?
En mars 2023, les autorités suisses participent à la mise en œuvre d’une fusion, dans l’urgence, entre UBS et Credit Suisse, alors que cette dernière est dans la tourmente. Après une succession de problèmes, la chute de la deuxième plus grande banque suisse semble, à cette période, s’accélérer. La fusion, facilitée par le Conseil fédéral, avait notamment pour objectif d’éviter une trop grande déstabilisation des marchés financiers.
Suite au naufrage de Credit Suisse, une commission d'enquête parlementaire (CEP) est mise sur pied, avec la mission d'analyser comment les autorités suisses ont géré cette crise et la fusion entre Credit Suisse et UBS. Dans son rapport, rendu en décembre 2024, la CEP ne pointe pas du doigt un responsable en particulier, comme l'explique Mathilde Farine, journaliste économique à la RTS qui a écrit La Chute - Chronique de la débâcle d'une banque (éditions Slatkine, 2023)
On a la sensation d’un système qui a complètement dysfonctionné, des informations qui n’ont pas circulé. Mais on n’a pas une personne qui a été identifiée comme étant quelqu’un qui a commis une faute
Les responsabilités de plusieurs autorités suisses sont étudiées dans le rapport de la CEP. Cette dernière déplore notamment "l’inefficacité partielle de l’activité de surveillance" de la FINMA, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers. Tout en notant que cette autorité a "exercé son activité de surveillance de manière intensive", la CEP estime, dans un communiqué de presse du 20 décembre 2024, que cette activité de surveillance "n'a eu qu'un effet limité : en dépit des nombreuses procédures d'enforcement et des avertissements de la FINMA, Credit Suisse a enchaîné les scandales".
D’après le rapport de la CEP, le monde politique suisse a fait preuve d’une certaine mollesse concernant la réglementation des grandes banques, à partir de 2015. Conséquence : "Lorsque la crise de Credit Suisse s’est aggravée à l’automne 2022, puis au printemps 2023, il manquait aux autorités suisses des instruments importants, alors que d’autres ordres juridiques en disposaient depuis quelques années déjà", indique le rapport de la CEP.
En revanche, le rapport indique que les autorités ont montré une certaine anticipation, notamment en travaillant sur différents scenarii. "Il n’y a pas seulement ce scénario du rachat par UBS, mais aussi le scénario d’une nationalisation, le scénario d’une liquidation, le scénario d’un rachat par une entreprise, une banque étrangère, il y a beaucoup de choses qui ont été mises sur la table", détaille Mathilde Farine.
Quelles sont les insuffisances relevées par la commission d’enquête parlementaire? En quoi consistent ses recommandations? Est-ce que les banques systémiques peuvent exercer leurs activités sans risque?
Grégoire Molle et l'équipe du Point J