Résumé de l’article

  • La BNS a abandonné le taux plancher euro/franc il y a 10 ans, provoquant un choc pour l'économie suisse et les entreprises exportatrices.
  • L'économie suisse a fait preuve de résilience grâce à sa diversification, avec un impact limité sur le PIB, l'emploi et les exportations.
  • Le franc suisse a fluctué entre valeur refuge et dépréciation selon les tensions géopolitiques et la conjoncture économique européenne.
  • Il y a 10 ans, la BNS provoquait une onde de choc en abandonnant le taux plancher

    L'abandon du taux plancher le 15 janvier 2015 avait créé la stupeur dans le pays, comme ici au centre de Zurich. [Keystone - Walter Bieri]
    Il y a 10 ans, la BNS provoquait une onde de choc en abandonnant le taux plancher / La Matinale / 2 min. / aujourd'hui à 06:29
    "C'était le coup de Trafalgar": fondateur de First Industries, François Schoch a vu son chiffre d'affaires baisser de 9% en 2015. Idem en 2016. Pour lui, comme pour beaucoup d'autres patrons suisses, la fin du taux plancher entre le franc et l'euro, il y a exactement dix ans mercredi, a été un choc, qui s'est traduit par des pertes financières.

    Introduit en 2011 par la Banque nationale suisse (BNS) pour lutter contre le franc fort, le taux plancher, qui fixait l'euro à 1,20 franc, a été retiré en janvier 2015 avec grand fracas. La monnaie a bondi, atteignant la parité quelques minutes après l'annonce de la BNS, tandis que la bourse de Zurich s'effondrait de 14%.

    Une décision vivement critiquée par les milieux économiques, en particulier ceux tournés vers l'Europe, dont les prix des produits allaient augmenter à l'étranger en raison de l'appréciation du franc. C'est un "tsunami" pour les entreprises, avait alors réagi Nick Hayek, patron de Swatch.

    Une économie résiliente

    Le premier trimestre 2015 s'est ainsi soldé par un recul du produit intérieur brut (PIB) suisse, mais sur l'ensemble de l'année et celles qui ont suivi, l'économie suisse a résisté, tout comme l'emploi et les exportations. Plusieurs raisons l'expliquent: l'économie suisse est très diversifiée, elle n'exporte pas que vers la zone euro, mais aussi vers d'autres régions où les échanges se font principalement en dollars. En outre, tous les secteurs n'ont pas été affectés de la même manière. Certains, dont la pharma, ont plus de facilité à vendre plus cher.

    Pour Maxime Botteron, économiste chez UBS, cette évolution s'explique aussi par celle du franc elle-même: "Le 15 janvier 2015 a été un choc, mais les années suivantes, le franc s'est déprécié. Il est même remonté à 1,20 franc pour un euro", explique-t-il.

    Un rôle de valeur refuge fluctuant

    Avec une conjoncture européenne favorable, l'absence d'importantes tensions géopolitiques, la monnaie helvétique n'était plus une monnaie refuge, comme elle l'avait été pendant la crise financière de 2008, puis pendant celle de la dette publique dans la zone euro.

    Ce sont d'ailleurs ces tensions autour des finances publiques des pays de la périphérie de l'euro qui avait poussé le franc vers des records et obligé la Banque nationale à multiplier les interventions sur le marché des changes, puis à introduire le taux plancher en septembre 2011.

    Ce régime plus favorable, après la fin du taux plancher, a tenu jusqu'à l'irruption de la pandémie. Le franc a alors repris son rôle de valeur refuge pour les investisseurs. "Nous avons eu deux phases de surévaluation du franc, en 2015, puis en 2020", poursuit Maxime Botteron.

    >> A relire, l'article au moment de l'abandon du taux plancher : L'abandon du taux plancher face à l'euro bouleverse les marchés

    Les entreprises ont néanmoins dû s'adapter. C'est le cas de First Industries, qui a "pris des mesures d'amélioration des installations" pour baisser le coût de la production. Le groupe industriel basé à Crissier a investi pour changer certains appareils techniques et réduire sa consommation d'énergie . Il a également transféré une partie de ses activités à des collègues alémaniques pour se concentrer davantage sur son métier.

    Mais First Industries n'a jamais dû licencier et, aujourd'hui, le franc fort n'est plus un sujet de préoccupation. Il l'est, toutefois, pour d'autres entreprises.

    >> Ecouter l'interview de François Schoch, patron de First Industries dans La Matinale :

    François Schoch, patron de First Industries à Crissier [RTS]RTS
    Interview de François Schoch, patron de First Industries / La Matinale / 1 min. / aujourd'hui à 06:27

    Mathilde Farine/ami

    Publié Modifié