Joe Biden bloque le rachat de l'aciériste U.S Steel par le japonais Nippon Steel

Joe Biden ferme la porte de la sidérurgie américaine au japonais Nippon Steel. [Keystone - Gene J. Puskar / AP]
Joe Biden ferme la porte de la sidérurgie américaine au japonais Nippon Steel / Le Journal horaire / 26 sec. / vendredi à 23:02
Les groupes U.S. Steel et Nippon Steel ont agité la menace d'actions juridiques après que le président américain Joe Biden a annoncé vendredi qu'il bloquait le rachat prévu du grand nom de l'acier américain par le géant japonais.

Cette fusion, qui agite depuis un an les deux pays alliés, "placerait l'un des plus grands producteurs américains d'acier sous contrôle étranger et poserait des risques pour notre sécurité nationale et nos chaînes d'approvisionnement essentielles", a expliqué le président américain Joe Biden.

"Une industrie sidérurgique forte, détenue et exploitée au niveau national, représente une priorité essentielle", a-t-il insisté.

Les Etats-Unis sont le premier importateur mondial d'acier, un secteur dominé de manière écrasante par leur grande rivale, la Chine.

"Incompréhensible et regrettable"

Le ministre japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie Yoji Muto a jugé "incompréhensible et regrettable que le gouvernement Biden ait pris une décision de ce type en invoquant des préoccupations pour la sécurité nationale", d'après un communiqué.

"Ce n'est pas une décision contre le Japon, nous avons été en contact avec eux et leur avons partagé nos impressions", a pour sa part assuré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, lors d'un point presse. "Le président reste convaincu que l'acier américain et les ouvriers américains vont continuer à se développer grâce à ce qu'il a déjà accompli. L'industrie de l'acier est plus solide qu'elle ne l'a été depuis bien longtemps", a-t-elle ajouté.

Le sujet fait l'objet d'un rare consensus sur une scène politique très tendue et divisée, alors que Joe Biden doit remettre le 20 janvier les clés de la Maison Blanche au président élu Donald Trump.

Critiques des deux groupes

Le syndicat des métallurgistes américains USW s'est dit "reconnaissant" de la décision du président sortant de "maintenir une industrie de l'acier forte dans le pays". Dans un communiqué, il a également appelé la direction d'U.S. Steel à "prendre les décisions nécessaires pour développer l'entreprise et la garder rentable".

Les deux groupes sidérurgiques ont eux dénoncé cette décision, y voyant "une violation manifeste" du droit et menaçant de "prendre toutes les mesures appropriées". "Le processus a été manipulé afin de pousser l'agenda politique du président Biden", ont accusé les deux entreprises dans un communiqué commun.

Selon elles, Joe Biden n'a présenté "aucune preuve crédible d'un problème pour la sécurité nationale". "Malheureusement, cela va refroidir toute entreprise basée dans un pays allié qui envisage d'investir massivement aux Etats-Unis."

ats/iar

Publié Modifié

Une offre de Nippon Steel

Nippon Steel s'est efforcé de surmonter les réticences de Joe Biden en proposant de multiples garanties et conditions attrayantes. Il aurait en particulier, selon la presse, proposé au gouvernement américain de disposer d'un droit de veto sur toute potentielle réduction de la production de U.S. Steel aux Etats-Unis.

L'aciériste japonais s'était aussi engagé à maintenir l'emploi et avait promis au moins 2,7 milliards de dollars d'investissements dans les sites industriels syndiqués, ainsi qu'une prime de 5000 dollars aux salariés d'U.S. Steel en cas d'acquisition.

U.S. Steel, de son côté, a aussi fait campagne pour ce rachat, décrit comme un moyen de "combattre la menace concurrentielle de la Chine" et d'assurer la prospérité future de l'entreprise.

Les marchés ont réagi négativement à la décision de Joe Biden, le titre U.S. Steel terminant la séance à Wall Street sur une chute de 6,53%, à 30,47 dollars.