Résumé de l’article
Les décevantes prévisions de l'intelligence artificielle à propos des cours boursiers
En janvier 2024, la RTS avait demandé à ChatGPT et à Bing (l'outil d'intelligence artificielle de Microsoft, aujourd'hui Copilot) de sélectionner les actions suisses les plus prometteuses en bourse.
ChatGPT avait sélectionné Novartis, UBS et Logitech. Du 3 janvier au 30 décembre 2024, ces titres ont affiché des progressions respectives de +0.1%, +11.2% et -5.2%, pour une performance moyenne de +2%.
En comparaison, les meilleurs fonds "swiss equities large cap", soit les fonds constitués d'actions de grandes entreprises suisses, ont largement dépassé les 10% de hausse: +17.4% pour un fonds géré par 1741 Fund Solutions (SG) ou +12% pour un fonds de la banque cantonale bernoise.
Les faiblesses de l'IA
Le fonds que Chat GPT a sélectionné à la demande de la RTS se retrouve donc très loin des meilleurs paniers suisses. Pour John Plassard, directeur à la banque Mirabaud, les meilleurs analystes sont dotés d'une expérience et d'une connaissance des marchés (certains parlent de feeling, sentiment ou intuition) que les outils d'intelligence artificielle ont de la peine à modéliser.
Jan de Schepper, directeur ventes et marketing de Swissquote, ajoute que les bourses sont irrationnelles, une caractéristique qui est par définition peu prévisible. A ce propos, il est nécessaire de souligner que la grande majorité des analystes ne battent pas les indices boursiers sur la durée. Pour l'être humain aussi, l'irrationnalité de la Bourse est très difficile à prévoir.
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Des erreurs, mais aussi des forces
En janvier 2024, la RTS avait aussi demandé à l'IA de sélectionner les actions du SPI (environ 230 sociétés suisses) les plus prometteuses. ChatGPT et Bing avaient tous deux sélectionné Neoen, Sensorion et Worldline, trois actions de sociétés françaises, un choix peu convaincant. En 2024, l'action Worldline est passée de 15,5 à 8,4 euros, une chute de 46%.
Jan de Schepper souligne que l'IA a malgré tout des capacités très utiles pour les investisseurs. Chat GPT, Gemini (l’outil de Google qui n’était pas disponible lors du premier reportage en janvier 2024), Claude ou Copilot peuvent résumer en un temps record des rapports d'activités ou des conférences de presse.
Les outils d'intelligence générative peuvent aussi mettre en évidence en un court laps de temps les forces et les faiblesses d'une entreprise ou d'un secteur d'activités.
Il faut toutefois rester prudent: basées sur un nombre considérable de documents rédigés par des auteurs très différents, les synthèses ne sont pas toujours pertinentes.
La quête du Graal
L'IA progresse à une vitesse vertigineuse, une grande étape étant de lui permettre de développer une certaine autonomie dans ses réflexions: créativité, indépendance critique vis-à-vis des données qui la nourrissent, etc.
Une IA dotée de telles qualités pourrait-elle rivaliser avec les meilleurs analystes? On le saura dans quelques années.
Nicolas Rossé