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Le marché de l'art en recul en 2024 avec moins d'oeuvres prestigieuses vendues

Christie's a annoncé un chiffre d’affaires en baisse de 6% pour 2024. [Keystone - Alberto Pezzali - AP Photo]
Le marché de l'art a été moins haut de gamme en 2024, avec moins d'oeuvres de prestige vendues / La Matinale / 60 sec. / vendredi à 06:16
Le marché de l'art est en plein ajustement. Malgré quelques ventes spectaculaires, les bénéfices des maisons de vente aux enchères ont connu une baisse en 2024. Si l'on observe un engouement global pour l'art contemporain, les oeuvres de prestiges se vendent moins.

Le haut de gamme a particulièrement reculé en 2024, à quelques exceptions près. Fin novembre, une banane accrochée à un mur avec un morceau de scotch argenté a été vendue aux enchères pour 6,2 millions de dollars (5,5 millions de francs).

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La veille, chez Christie's, "L'empire des lumières", un tableau du peintre surréaliste René Magritte, a été vendu pour 121 millions de dollars (107 millions de francs). Il s'agit de la seule vente ayant dépassé la barre des 100 millions de francs chez Christie's en 2024, contre six en 2022.

La maison de vente aux enchères annonce d’ailleurs un chiffre d’affaires en baisse de 6% pour 2024. Sotheby's anticipe aussi une baisse de ses bénéfices.

Entre engouement et tassement

Pourtant, avec plus d'un million d'enchères dans le monde l'année dernière, le marché de l'art contemporain connaît un engouement global, malgré un tassement des très grosses enchères. Or, celles-ci représentent près de 50% du chiffre d'affaires.

"Dès que les très grosses enchères baissent ou qu'il n'y a pas de collection remarquable mise sur le marché, ça fait baisser le chiffre d'affaires", explique Frédéric Elkaïm, galeriste à Carouge et consultant en art. "Mais cela n'empêche pas que sur le long terme, le phénomène de la vente et de l'achat d'art contemporain, en particulier par les jeunes générations, s'approfondit et augmente".

Les jeunes acheteurs originaires d'Asie ou du Moyen-Orient redonnent en effet un souffle au marché. Chez Christie's, 30% des collectionneurs ont d'ailleurs moins de 40 ans. Ce sont eux qui font tourner le marché avec des œuvres peut-être moins en vue, mais avec des prix plus sages.

Le rôle du Port franc de Genève

L'envolée de la bourse suite à l'élection de Donald Trump en novembre a par ailleurs redonné une bonne impulsion au marché de l'art et selon Frédéric Elkaïm, la tendance devrait se poursuivre. Le galeriste s'attend à une stabilisation au cours de l'année à venir, puis une augmentation dans les années qui suivront. "Sur le long terme, le marché de l'art contemporain se porte très bien", assure-t-il.

La Suisse, elle, maintient sa place de carrefour de marché de l'art, notamment grâce au Port franc de Genève. "C'est réellement l'un des pivots du marché de l'art", affirme Thierry Ehrmann, le fondateur d’Artprice, une entreprise de cotation du marché de l'art sur Internet.

Ces entrepôts de stockage n'ont rien perdu de leur attractivité. Leur surface de plus de 100'000 m² permet d'accueillir un grand nombre d'oeuvres d'art, qui peuvent y rester jusqu'à plusieurs années. "Dans le métier, depuis 30 ans, on dit toujours que le Port franc de Genève est le plus grand musée du monde, parce qu'il y a une accumulation d'œuvres énorme", explique Thierry Ehrmann. "Aucun marchand digne de ce nom n'est pas présent au Port".

>> Ecouter l'interview de Thierry Ehrmann dans La Matinale :

Les Ports francs de Genève. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
Moins d'oeuvres prestigieuses vendues sur le marché de l'art: interview de Thierry Ehrmann / La Matinale / 1 min. / vendredi à 06:28

Ce stockage à long terme permet toutefois également aux propriétaires des oeuvres de ne pas payer de taxe douanière ou d'impôt sur les produits stockés. Le Port franc de Genève a d'ailleurs souvent été critiqué pour son opacité à ce sujet. Par le passé, les entrepôts de l'entreprise ont aussi été utilisés pour mener des trafics autour de certaines oeuvres.

>> Lire aussi : Genève réagit aux critiques françaises contre l'opacité des Ports francs et Une société indépendante va contrôler les antiquités des Ports francs de Genève

"Beaucoup de gens l'ont décrié, plus par jalousie que par réalité", regrette Thierry Ehrmann. "Mais il conforte beaucoup le marché de l'art mondial".

Sujet radio: Virginie Langerock

Adaptation web: Emilie Délétroz

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