Marcel Napierala, patron de Medbase: "En Romandie, tout le monde était un peu méfiant"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Marcel Napierala, directeur du fournisseur de soins ambulatoires Medbase
L'invité de La Matinale (vidéo) - Marcel Napierala, directeur du fournisseur de soins ambulatoires Medbase / La Matinale / 13 min. / aujourd'hui à 07:00
Premier fournisseur de soins ambulatoires de Suisse, Medbase s'impose comme un acteur incontournable dans le secteur de la santé. L'entreprise qui appartient au groupe Migros est surtout présente en Suisse alémanique, mais ambitionne de s'étendre à la Suisse romande, selon son directeur Marcel Napierala.

Avec 4200 employés, 70 centres médicaux, 57 pharmacies, 42 cliniques dentaires, plus de 20 cabinets de physiothérapies et une pharmacie en ligne, Medbase est devenu en une vingtaine d'années un groupe privé tentaculaire dans le domaine de la santé. La société mise sur les soins intégrés, regroupant différents prestataires sous un même toit, pour plus d'efficacité.

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Créée en 2001 à Winterthour (ZH) par Marcel Napierala et deux collègues physiothérapeutes, la firme a été rejointe en 2010 par le groupe Migros. D'abord actionnaire, le détaillant est ensuite devenu propriétaire à part entière de l'entreprise. Un pari gagnant pour le géant orange puisqu'en 2024, Medbase a réalisé un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de francs, en hausse de 25,7%, a annoncé la Migros.

La Migros est un acteur qui nous offre plus de chances que de risques

Marcel Napierala, CEO de Medbase

Mais pourquoi une entreprise active dans le commerce de détail s'est-elle lancée dans le secteur concurrentiel de la santé? "La Migros a des valeurs, une tradition suisse. A l'époque, nous avons eu de grandes discussions avec les responsables de Migros pour venir dans le domaine de la santé qui est très important pour ce groupe [...] C'était mon vœu d'avoir un actionnaire comme la Migros, parce que c'est un nouvel acteur dans ce jeu qui nous offre plus de chances que de risques", explique Marcel Napierala dans La Matinale.

La rentabilité de l'entreprise est évidemment aussi un argument qui a pesé dans la balance, même si "la profitabilité dans la santé est toujours difficile, parce que nous travaillons avec des marges très basses dans le secteur des soins de premier recours, ce qui signifie que nous devons être très efficaces pour gagner un peu d'argent", détaille le Bernois.

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"Nous apprenons de la Migros"

A ce titre, Marcel Napierala reconnaît que son entreprise a pu profiter des processus de la Migros, malgré deux secteurs bien différents l'un de l'autre. "Nous apprenons d'eux, car ils savent gérer les coûts très fortement. Mais les synergies sont aussi limitées, nous sommes spécialistes du secteur de la santé et eux du commerce de détail, ça doit rester à part. C'est comme les données, il ne faut pas mélanger les données de la carte cumulus avec nos données", plaisante le directeur.

Dans une perspective de développement, Medbase entend poursuivre son extension débutée il y a 6 ans en Suisse romande, où elle possède déjà neuf centres médicaux et va en ouvrir un dixième à Bulle (FR) au deuxième trimestre 2025.

Medbase doit toutefois composer avec une sensibilité différente des Romands, peu enclins à confier leur santé aux acteurs privés, comme a pu le montrer le résultat de la votation du 24 novembre dernier sur EFAS.

"Au début, en Romandie, tout le monde était un peu méfiant. Mais aujourd'hui, on a un grand flux de médecins, par exemple, qui sont intéressés par notre modèle, parce qu'ils ont remarqué que nous n'étions pas une organisation qui veut maximiser ses gains [...] Certes, il faut être rentable pour mettre en place des innovations, pour investir, mais la chose la plus importante, c'est le patient", analyse Marcel Napierala.

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Walmart, le mauvais exemple

Aux Etats-Unis, la multinationale américaine Walmart, aussi active dans la grande distribution, avait tenté une expérience similaire. Résultat: un échec cuisant. L'automne dernier, la direction a annoncé qu'elle se retirait du secteur, en fermant plusieurs centres médicaux.

Marcel Napierala dit avoir étudié le cas de Walmart. Selon lui, l'entreprise américaine est allée beaucoup trop vite: "Ils ont pris une démarche avec beaucoup de rythme. En Suisse, la culture est différente. Le positionnement de Migros est autre, ils nous laissent travailler, nous avons une certaine autonomie pour développer notre entreprise."

Les soins intégrés comme solution

Face à l'augmentation des coûts de la santé et face à la pénurie de main-d'œuvre qui touche les soins, le directeur de Medbase prêche donc pour les soins intégrés et l'entrée de nouvelles professions dans le domaine ambulatoire, comme la réalisation de prestations médicales effectuées par du personnel infirmier, ou effectuées dans les pharmacies.

Je suis persuadé qu'on doit mettre le public avec le privé, travailler ensemble

Marcel Napierala

Mais pour cela, il faut un coup de pouce. "La politique doit nous aider, parce qu'il faut avoir les licences, il faut avoir la possibilité de financer ces démarches. Je ressens une forte intention politique de vouloir aider dans ces processus. Nous discutons aussi avec les assureurs", précise Marcel Napierala.

Avec son système de soins intégrés, le CEO de Medbase estime toutefois ne pas faire "mieux ou pire" que le secteur public. Il se bat d'ailleurs pour l'instauration du dossier électronique du patient. "C'est naturellement notre grand rêve. Mais je suis persuadé qu'on doit mettre le public avec le privé, travailler ensemble. Le public est là pour mettre l'infrastructure et nous, en tant que prestataires, nous sommes là pour y mettre les processus efficaces, parce que c'est notre savoir-faire", conclut-il.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Article web: Jérémie Favre

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