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Crise grecque: la fausse note de Moody's

Les agences de notation n'en finissent pas de fâcher les dirigeants européens
Les agences de notation n'en finissent pas de fâcher les dirigeants européens
Une nouvelle dégradation brutale de la note souveraine de la Grèce par l'agence Moody's a provoqué mardi la colère des dirigeants européens et mis sous tension les obligations de l'Etat grec, sans pour autant entraîner une nouvelle rechute des marchés.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a qualifié d'"étonnant et malheureux" le moment choisi par Moody's pour dégrader la note de la Grèce.

Une décision qui selon lui "ne correspond pas du tout au rendement des obligations grecques et aux différentes conséquences négatives qui sont considérablement réduites depuis l'adoption de ce programme".

De son côté, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a critiqué l'abaissement "irrationnel" de la note, estimant que les marchés financiers "interprètent de façon erronée les décisions qui ont été prises".

Jean-Claude Juncker a souligné que la Grèce s'était pliée à de "strictes" conditions d'assainissement de ses finances publiques pour recevoir l'aide des autres pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI).

Une dégringolade impressionnante

Moody's a abaissé lundi la note de la Grèce de quatre crans, de "A3" à "Ba1", la reléguant dans la catégorie spéculative pour un risque de non-remboursement de sa colossale dette publique.

Moody's a estimé qu'il demeure une incertitude considérable sur le calendrier et l'impact de la cure d'austérité à laquelle le pays s'est résolu début mai pour décrocher le feu vert à des prêts de la zone euro et du FMI d'un montant de 110 milliards d'euros sur trois ans.

Le ministère grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a immédiatement réagi lundi soir à cette dégradation, jugeant qu'elle ne reflétait ni le progrès enregistré ces derniers mois, ni les perspectives ouvertes par l'assainissement budgétaire et l'amélioration de la compétitivité du pays.

Les banques grecques en deuxième ligne

Mardi, Moody's a annoncé avoir également dégradé la note des principales banques grecques en raison des doutes de l'agence de notation sur la capacité d'Athènes à soutenir son système bancaire.

L'agence a décidé de dégrader la note de la Banque nationale de Grèce, de EFG Eurobank, d'Alpha Bank, de la Banque agricole de Grèce, d'Emporiki et de la Banque générale de Grèce, les quatre premières étant reléguées au rang d'investissements spéculatifs.

"L'abaissement de la note du gouvernement grec a poussé Moody's à abaisser sa notation sur la capacité du gouvernement grec de soutenir son système bancaire, dans la droite ligne du changement de note sur sa dette souveraine", a affirmé Moody's.

Pour une fois, les marchés ne paniquent pas

Les rendements des obligations grecques et des pays fragiles de la zone euro (Espagne, Portugal, Irlande) se sont fortement tendues mardi dans la matinée, après la dégradation de la note grecque. Les obligations grecques sur dix ans étaient vers 17h30 à 9,060% contre 8,302% lundi soir soit +75 points de base.

Si les places boursières européennes ont ouvert en baisse, elles étaient toutes dans le vert en milieu de journée, et ont clôturé en hausse: le Cac 40 gagnant 0,98%, soutenu par la fermeté de l'euro, le Dax de la Bourse de Francfort 0,82%, et l'indice Footsie-100 de Londres 0,30%.

L'euro a rebondi face au dollar, l'optimisme des marchés d'actions, une émission obligataire rassurante en Espagne, et de bons indicateurs américains effaçant les effets négatifs de la dégradation de la note de la dette grecque et un mauvais indicateur allemand. Vers 18h00, la monnaie européenne valait 1,2333 dollar contre 1,2223 dollar lundi soir à 23h00, son plus haut niveau depuis le 1er juin.

afp/ap/jeh

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Le secteur touristique fortement chahuté

Les grèves à répétition provoquées par le plan d'austérité ont d'ores et déjà provoqué une désaffection des touristes en Grèce. Près de 20'000 nuitées ont ainsi été annulées dans les hôtels d'Athènes et des sites touristiques alentour.

Alors que la saison débute, les spécialistes de l'industrie du tourisme ont constaté une baisse des réservations comprise entre 10 et 12% par rapport à 2009, qui était déjà une mauvaise année.
Or le tourisme représente environ 15,5% du PIB grec, avec un emploi sur cinq lié à ce secteur.

Avec ses plages, sa météo clémente et son patrimoine antique, la Grèce appartient aux cinq grandes destinations estivales d'Europe, avec l'Espagne, l'Italie, la France et la Turquie. Mais elle subit une forte concurrence de destinations ensoleillées et moins chères, telle que la Turquie voisine.