Afin de tirer les leçons de la crise de la dette qui secoue l'Europe, ils ont aussi posé les jalons d'un gouvernement économique en commun, visant à mieux coordonner leurs politiques nationales.
Mais il concernera l'Union européenne dans son ensemble, et ne se fera pas au niveau de la seule zone euro, ce que voulait la France. "Nous devons éviter de créer des lignes de fracture entre les 16 pays de la zone euro et les 27 de l'UE", a jugé le président de l'UE, Herman Van Rompuy, à l'issue de la réunion.
Les chefs d'Etat ou de gouvernements ont pris des engagements pour durcir le Pacte de stabilité, qui encadre les politiques budgétaires de l'UE mais s'est révélé inopérant, la dette et les déficits européens ayant atteint des niveaux spectaculaires, a annoncé le président de l'UE.
Relecture commune des budgets nationaux
Concrètement, ils ont accepté de faire examiner au niveau européen à partir de 2011 leurs projets de budgets nationaux au printemps de chaque année, avant qu'ils ne soient adoptés par leurs Parlements.
Ils ont aussi prévu de créer de nouvelles sanctions "progressives" pour les mauvais élèves. Cela pourrait inclure la privation de certaines subventions européennes.
Ne pas confondre économie et politique
Les Européens restent en revanche divisés à l'égard d'une proposition franco-allemande visant à supprimer les droits de vote dans l'UE des pays trop laxistes au plan budgétaire. Les opposants estiment que cela rendrait nécessaire une procédure trop lourde de changement de traité.
Pour chercher à calmer des marchés inquiets sur la santé de leurs banques, les dirigeants sont par ailleurs tombés d'accord pour que les résultats des tests de solidité des établissements européens ("stress tests") soient publiés d'ici à fin juillet. Actuellement, ils sont confidentiels.
Plaidoyer pour une taxe mondiale sur les échanges
Autre initiative: les pays de l'UE vont introduire des taxes sur les banques chez eux, afin de leur faire régler une partie de la facture de la crise et d'alimenter des mécanismes d'assurances pour l'avenir.
Ils entendent aussi promouvoir l'idée d'une taxe mondiale sur les transactions financières, au sommet du G20 de Toronto la semaine prochaine, même si les chances d'accord sur ce point sont quasi-nulles en raison de l'opposition de nombreux pays.
afp/jeh
L'Espagne inquiète le reste de l'Europe
Les Européens sont sous pression pour faire preuve d'unité sur ces sujets, alors que leur situation économique reste fragile.
Après la Grèce, c'est l'Espagne qui suscite des préoccupations sur les marchés. La presse allemande et espagnole a fait état d'un plan en préparation pour apporter une aide financière à Madrid.
Selon le journal économique espagnol El Economista, l'Union européenne et le FMI serait en train de mettre au point un plan d'aide pour ce pays prévoyant une ligne de crédit de 200 à 250 milliards d'euros. Des informations démenties par l'Espagne et la Commission européenne.
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a également qualifié d'"infondées" les "rumeurs" sur la fragilité du secteur financier espagnol.
Son gouvernement a approuvé mercredi une réforme du marché du travail, jugée essentielle pour redynamiser l'emploi, mais sans dissiper les inquiétudes sur la solidité financière du pays, qui doit payer des taux d'intérêt de plus en plus élevés pour emprunter sur les marchés.
Le Trésor espagnol a réussi à émettre jeudi pour 3,479 milliards d'euros d'obligations à 10 et 30 ans, dans le haut de la fourchette de ses objectifs, mais à des taux élevés.
Les banques espagnoles éprouvent elles aussi des difficultés grandissantes à trouver de l'argent frais auprès des marchés.