Face à la monnaie américaine, l'euro plongeait sous le seuil de 1,23 dollar. Le marché était nerveux à la veille du sommet du G20, à la clôture du semestre et dans un contexte d'inquiétudes persistantes sur la santé de l'économie mondiale.
La BNS veille au grain
"Le franc devrait continuer à s'apprécier jusqu'à ce que la BNS intervienne à nouveau sur le marché des changes", prévoit Thomas Flury, directeur de la stratégie des devises auprès d'UBS Wealth Management. L'institut d'émission a déjà agi en faisant grimper ses réserves en devises à plus de 230 milliards de francs.
Pour Thomas Flury, la BNS devrait adopter une attitude d'observation tant que l'euro n'atteindra pas la fourchette comprise entre 1,30 et 1,35 franc. Ce qui signifie qu'au rythme actuel la banque centrale devra certainement bientôt se montrer active.
Les bourses flanchent
La nervosité des investisseurs s'observait aussi sur les marchés des actions: après la clôture en baisse des places boursières asiatiques, leurs homologues européennes flanchaient à l'ouverture. De son côté, la Bourse suisse lâchait 0,41% vers 16h00.
Les cambistes s'inquiètent en particulier au sujet de la reprise américaine, qui pourrait s'avérer moins vigoureuse que prévu. Les commentaires prudents de la banque centrale américaine (Fed) et plusieurs mauvais indicateurs, notamment les ventes de logements neufs qui ont plongé au mois de mai, entretiennent cette tension.
Dans ce contexte, le sommet du G20 prend plus d'importance, selon les analystes. Les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 et du G20 ont rendez-vous dès vendredi au Canada pour relancer la coopération internationale entre ces grandes économies.
ats/bkel
La chute de l'euro, un défi pour l'économie helvétique
En l'espace d'un an, l’euro a perdu quelque 18 centimes par rapport au franc suisse et même 30 centimes depuis la fin de l'année 2007. Le phénomène constitue un lourd défi à relever pour nombre d'acteurs de l'économie helvétique, à commencer la Banque nationale suisse (BNS) qui a massivement acheté de l'euro pour tenter d'enrayer son affaiblissement.
"Plus il dure, plus le développement devient inconfortable pour les exportateurs suisses", constate Johann Schneider-Ammann, président de l'association faîtière de l'industrie des machines Swissmem, contacté par l'ATS.
Or, les observateurs partent du principe que le franc va demeurer fort, dans un contexte qui voit les seize pays de la zone euro afficher une croissance économique timide au regard des Etats-Unis ou de l'Asie. Le franc joue son rôle de valeur refuge à la faveur de la stabilité politique qui prévaut en Suisse et du potentiel élevé de relance de l'activité, après la récession.
Le constat est partagé par economiesuisse.
Pour la majeure partie des exportateurs, un tel cours serait encore supportable, note Oliver Adler, directeur de recherches auprès du Credit Suisse, s'exprimant dans les colonnes de Finanz und Wirtschaft.
La pilule n'en reste pas moins difficile à avaler. "En particulier pour les PME, dont les ventes se concentrent dans la zone euro", avertit Rudolf Minsch, qui mentionne l'industrie textile. Sans oublier le secteur touristique en Suisse, dans la mesure où y passer des vacances devient cher pour un ressortissant européen.
Pour atténuer l'impact, une entreprise suisse peut par exemple s'approvisionner davantage dans la zone euro, au détriment de la zone dollar, le billet vert s'étant apprécié récemment. En gros, il s'agit d'acheter où l'on vend après. Au-delà, le fait que l'euro faible favorise les exportations de la zone rejaillit sur les firmes helvétiques.
Le phénomène du franc fort incite par ailleurs les entrepreneurs helvétiques à accroître leur productivité, à miser sur l'innovation et la qualité. Histoire de leur donner une nouvelle marge de manoeuvre.